L’hebdomadaire sur internet met en avant le rôle joué dans l’histoire intellectuelle égyptienne par le Collège de la Sainte Famille (CSF), qui fut d’abord hébergé au palais Boghos pacha Ghali, dans le quartier cairote de Mouski en 1879 par les jésuites français. Il s’agissait en premier lieu d’un collège-séminaire fondé à la demande du pape Léon XIII.
Le pontife souhaitait améliorer la formation des étudiants pour la prêtrise au sein de l’Eglise copte catholique. Cette Eglise n’était alors qu’un «petit troupeau» de quatre ou cinq mille fidèles, dont huit cents au Caire, desservis par douze prêtres. Léon XIII était également soucieux de promouvoir une œuvre d’éducation de la jeunesse au service du pays.
Le CSF fut érigé ensuite en 1888-1889 sur un terrain de 11’500 m2 dans le quartier de Faggalah, qui était alors presque rural. Rapidement, le Collège allait devenir un établissement scolaire-phare, reconnu surtout pour la haute qualité de son éducation. Dès le départ, l’initiative des jésuites est encouragée par Ismaïl Pacha, khédive (vice-roi) d’Egypte, et par son fils et successeur Tawfiq. Tous deux sont favorables à leur projet d’éducation.
Il ne faut pas attendre longtemps pour que la qualité de leur enseignement connu à travers le monde attire à son tour l’élite égyptienne et arabe vivant dans la capitale. Dès lors, de nombreuses familles demandent, avec beaucoup d’insistance, que leurs garçons «reçoivent l’éducation des jésuites», souligne Al-Ahram Hebdo.
En 1930, le Collège comptait déjà 600 élèves provenant d’Egypte, de France, du Liban, de Syrie, d’Italie, de Grèce, d’Angleterre, de Suisse, d’Espagne, de Yougoslavie, de Turquie, de Tchécoslovaquie et de Russie. Aujourd’hui, note l’hebdomadaire égyptien, «le CSF est toujours au service de l’Egypte, formant une élite au service du pays et non une caste. Il n’oublie pas ses traditions, tout en demeurant ouvert à la modernité, avec la création de laboratoires des sciences, de langues et d’informatique». Dans toutes les classes, il y a des téléviseurs et de plus en plus de smart boards et d’ordinateurs.
Le CSF a actuellement une capacité d’accueil de 140 élèves par année, alors qu’il reçoit près du double de demandes. «Les résultats de nos examens s’approchent des 100%, affirme le Père Nader Michel, recteur du Collège de la Sainte Famille (CSF). Pour le bac français, plus de 80% des élèves ont des félicitations du jury». Le Collège suit les programmes européens les plus modernes, qui sont actualisés chaque année «pour rester sur la même longueur d’onde des méthodes pédagogiques appliquées partout dans le monde».
Outre l’éducation, mission principale des jésuites, certains confrères ont préféré se consacrer aux plus démunis et aux défavorisés dans les quartiers pauvres du Caire ou dans les villages marginalisés de Haute-Egypte. Mais le CSF organise lui aussi des activités sociales, qui commencent très tôt, à partir du cycle primaire: visites auprès des personnes âgées ou atteintes de cécité, orphelinats, etc.
Cette année, les élèves du cycle préparatoire ont collecté, lavé et repassé des vêtements pour les gens nécessiteux, d’autres collectent des donations en faveur de l’hôpital psychiatrique d’Al-Khanka, de celui de Démerdache ou du Centre du cardiologue Magdi Yaacoub à Assouan. «En Nubie, nos élèves ont acheté des bancs pour une école publique et ont peint ses murs», relève le recteur.
«La dimension sociale est ancrée dans l’esprit de nos jeunes», explique à Al-Ahram le Père Nader Michel. Le recteur souligne comment l’établissement a réussi, après 140 ans d’existence, à préserver sa ferveur à éduquer la jeunesse égyptienne, avec des valeurs solides: «Nous tenons à inculquer à nos élèves le respect de l’autre, l’ouverture au monde et aux différentes cultures, aux différentes religions, et le respect des gens défavorisés». Un défi important dans une société toujours davantage marquée par une culture de la consommation, de la recherche du gain rapide «et qui aussi perdu les notions du travail sérieux, de l’effort et du bien commun». (cath.ch/be)
Jacques Berset
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