«La vie en communauté est un élément essentiel de la vie religieuse», explique d’emblée le pape dans son motu proprio. Toutefois, l’expérience des dernières années montre qu’existent des cas d’absences illégitimes où les religieux se soustraient à l’autorité de leur supérieur légitime. Le Code de droit canon, poursuit le pape, «impose au supérieur de rechercher le religieux illégitimement absent pour l’aider à retourner et à persévérer dans sa propre vocation».
Toutefois, il arrive que le supérieur ne soit pas en capacité de retrouver la trace du religieux absent. Si le Code de droit canon prévoit la possibilité de renvoi du religieux absent, «quand on ignore le lieu où le religieux réside, il devient difficile de donner une certitude juridique à la situation». Ce nouveau motu proprio vient donc clarifier ces situations en modifiant l’article 694 du droit canon.
Parmi les cas de renvoi d’un religieux «par le fait même», s’ajoute celui d’une absence «illégitime (…) pour douze mois ininterrompus» et où le religieux est introuvable. Dans ce cas, le supérieur – après consultation de son conseil – doit émettre sans délai une déclaration de renvoi. Celle-ci doit ensuite être confirmée par l’autorité de l’institut – soit l’évêque soit le Saint-Siège. Ce cas de renvoi s’ajoute à celui en raison d’un abandon notoire de la foi catholique et à celui de mariage.
Un article explicatif de Mgr José Rodríguez Carballo, secrétaire de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, accompagnait ce motu propio. «Le concile Vatican II, explique-t-il, a suscité des espérances et des désillusions quant à la vie consacrée». Ainsi, il arrive parfois qu’il semble que la communauté religieuse ait perdu sa pertinence aux yeux des religieux.
Ces derniers peuvent alors s’absenter illégitimement de la communauté dont ils sont pourtant liés par leurs vœux. Le supérieur a alors le devoir de les rechercher, mais n’y parvient pas toujours. Parfois, les religieux eux-mêmes se rendent volontairement introuvables. Le supérieur, estime Mgr Rodríguez Carballo, ne peut qu’en prendre acte. Ce sont donc ces cas que Communis vita vient éclaircir tout en n’exemptant pas le supérieur de rechercher le membre absent.
Cette clarification, poursuit le prélat, est d’autant plus nécessaire que si le religieux n’est pas séparé légitimement de son institut, il peut se trouver «dans des situations non compatibles avec l’état de vie religieuse ou montrer des comportements en contradiction avec celui-ci». De plus, cela peut avoir des implications ou des conséquences de nature économique qui pourraient nuire à l’institut.
Signé le 19 mars, jour de la fête de saint Joseph, ce motu proprio vient également modifier l’article 792 par répercussion du changement de l’article 694. Promulgué par publication dans L’Osservatore Romano, Communis vita entrera en vigueur le 10 avril. (cath.ch/imedia/xln/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse