Face aux violentes attaques subies par Mgr Sommertag de la part de milieux d’opposition, la Chambre de commerce américaine du Nicaragua (AmCham) a exprimé son «total appui» à l’engagement du nonce apostolique à Managua. Alors qu’il est accusé de soutenir le gouvernement, le représentant du Vatican affirme être «impartial», mais «ne pas pouvoir être neutre» face à ceux qui souffrent dans le pays.
Depuis avril 2018, la crise que connaît le Nicaragua a paralysé le pays et le patronat nicaraguayen prévoit une baisse de 11% du PIB pour l’année 2019. Les affrontements et la répression ont fait 325 morts, quelque 2’000 blessés et plus de 800 opposants ont été emprisonnés. Le gouvernement va libérer tous les détenus sous 90 jours, a annoncé au soir du 20 mars 2019 l’envoyé spécial de l’Organisation des Etats américains (OEA), Luis Angel Rosadilla. Ces libérations seront supervisées par le Comité International de la Croix Rouge (CICR).
Le cardinal Brenes, président de la Conférence épiscopale du Nicaragua (CEN), a rappelé que le représentant du Vatican avait déjà réussi à obtenir la libération de plus de 100 prisonniers. Mais la CEN, qui a annoncé le 8 mars dernier qu’elle ne participerait pas aux discussions entre le gouvernement et l’opposition, est divisée sur l’attitude à adopter face au régime de Daniel Ortega.
Des évêques comme le salésien Juan Abelardo Mata Guevara, évêque d’Esteli, et le carmélite Silvio José Báez, évêque auxiliaire de Managua – prélat favori du quotidien d’opposition La Prensa – sont parmi les voix de l’Eglise les plus critiques envers le gouvernement nicaraguayen.
«En public, la Conférence des évêques du Nicaragua (CEN) doit cependant se montrer unie, car une division de l’épiscopat serait immédiatement utilisée par le pouvoir», confiait le cardinal Brenes à cath.ch en novembre dernier.
Le nonce apostolique Waldemar Stanislaw Sommertag a été pour sa part méchamment vilipendé par une partie de l’opposition. Il a déploré qu’au Nicaragua, «il y a beaucoup de mensonges», dénonçant «certaines forces qui sont en train de miner» le processus de sortie de crise.
L’archevêque Sommertag a été attaqué par certains milieux pour sa participation, comme «témoin accompagnateur», à la table des négociations entre le gouvernement de Daniel Ortega et la plateforme d’opposition Alliance civique pour la Justice et la Démocratie (ACJD). L’ACJD rassemble entreprises, société civile, paysans et étudiants. Elle exige une démocratisation du pays et des réformes électorales. Des secteurs de l’opposition réclament une anticipation des élections présidentielles prévues en 2021. (cath.ch/nuevodiairio/vaticannews/be)
Jacques Berset
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