Saint Oscar Romero, bientôt 'docteur de l'Eglise'?

Dans le cadre d’une réunion célébrant saint Oscar Romero, le 18 mars 2019 aux Etats-Unis, Gustavo Gutiérrez, l’un des fondateurs de la théologie de la libération, a considéré comme «excellente» l’idée de déclarer l’évêque salvadorien ‘docteur de l’Église».

«Alors que beaucoup mettent en valeur les écrits ou le parcours académique d’une personne, lorsqu’il s’agit de déclarer un saint ‘docteur de l’Église’, l’amour de l’autre vaut d’avantage que toutes les théologies», a estimé Gustavo Gutierrez lors d’une intervention via internet dans le cadre du «Romero day», organisé par l’Université de Notre Dame, à South Bend, dans l’État de l’Indiana.

«A travers leurs recherches, leurs études et leurs écrits, les ‘docteurs’ ont fait avancer la connaissance de l’Église sur notre foi, ont rappelé les participants à cet événement. Être déclaré ‘docteur de l’Église’ n’implique pas que tous les écrits produits par l’intéressé soient exempts d’erreurs. En revanche, la totalité du corps de son œuvre, prise dans son ensemble, sert à faire avancer la cause du Christ et de son Église».

«Romero suivait son propre chemin»

«Saint Romero a été un écrivain prolifique et il est possible de tirer beaucoup de choses de son œuvre», a souligné Gustavo Gutiérrez, qui a rencontré l’ancien archevêque de San Salvador dans les années 1970. «En revanche, contrairement à ce que beaucoup de personnes ont affirmé, rien ne laisse penser que saint Romero était un adepte de la théologie de la libération et de l’option préférentielle pour les pauvres».

«Saint Romero suivait son propre chemin et il avait déjà découvert le monde de la pauvreté dans les années 1970», poursuit le Père Gutiérrez. Soit à peu près au même moment de la publication du livre de ce dernier, dans lequel il présente la théologie de la libération (n.d.l.r. en 1971). «A l’époque, Oscar Romero, canonisé en octobre 2018, accomplissait ses propres ‘avancées’ en ce qui concerne la thématique de la pauvreté qu’il observait au sein de son peuple», a rappelé le prêtre péruvien.

Un processus plutôt qu’une conversion

Peu de temps avant la béatification de Mgr Romero, en mai 2015, au Salvador, le Père Pablo Richard, théologien de la libération en Amérique latine, avait assuré de son côté que «si l’ancien archevêque de San Salvador n’avait pas été un adepte de la théologie de la libération, il nous a influencés».

Comme il l’a de nouveau rappelé lors de son intervention via internet, Gustavo Gutiérrez n’a, pour sa part,  jamais cru à une «conversion» d’Oscar Romero à la théologie de la libération. «Je crois plutôt à un ‘processus’ de transformation guidé par les injustices dont il a été témoin».

Romero, «méfiant mais ouvert»

Le Père dominicain estime même que saint Oscar Romero éprouvait un peu de «méfiance» à l’égard de certains mouvements de l’Église catholique en Amérique latine, mais qu’il était «toujours à l’écoute avec un esprit ouvert».

Le Père Gutiérrez a conclu son intervention en indiquant que, plusieurs années après la mort de l’ancien archevêque, il avait lu les notes que ce dernier avait rédigées, évoquant sa rencontre avec lui. Un moment émouvant, car pour saint Romero, «le Père Gustavo était différent de ce que les personnes m’en avait dit». (cath.ch/jcg/rz)

 

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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