A l’heure de l’info ‘consommée-jetée’, l’ASJC entend défendre un journalisme de qualité capable de regarder au-delà des apparences immédiates. Doté de 1’000 francs, le prix Médias honore cette année deux jeunes professionnels une Romande et un Alémanique.
Journaliste depuis 2018 au journal vaudois La Côte Laura Lose est récompensée pour son reportage intitulé: Ils revêtent la robe noire chaque dimanche. Le texte primé présente quatre jeunes pasteurs de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV), deux femmes et deux hommes. La journaliste les a rencontrés et interrogés sur leur parcours, leur foi, leurs motivations et leur ministère.
Ce reportage dépoussière avec bonheur l’image de l’EERV en montrant de jeunes pasteurs atypiques qui dessinent un visage différent de l’institution. Le traitement du sujet, enchaînant témoignages, explications et analyse, a aussi retenu l’attention du jury. Le récit, dynamique, bien construit et bien écrit retient l’attention du lecteur.
Benjamin von Wyl, de Bâle, est récompensé pour un reportage Vers l’avenir sur trois roues publié dans le journal zurichois Wochenzeitung. Il raconte avec justesse le destin d’une famille de Roms d’Albanie. N’ayant pas obtenu de permis de séjour en Suisse, elle a été renvoyée vers la Serbie. Ses membres survivent dans des conditions précaires en récoltant des déchets sur un vélo triporteur. Benjamin von Wyl fait voir une réalité quotidienne que la société préfère ignorer, celle des réfugiés et des requérants d’asile.
Réunis pour leur assemblée générale à paroisse de la Trinité à Berne, les journalistes catholiques se sont penchés également sur la question du traitement des abus sexuels dans l’Eglise. «Pour nous, journalistes catholiques, traiter de cette crise est une question délicate. Nous ne pouvons pas faire l’économie d’une réflexion sérieuse sur nos pratiques professionnelles», a souligné Maurice Page, président de l’ASJC. Il a invité ses confrères à éviter deux écueils: celui du servilisme muet et celui de la critique sans contrôle. «Sans ce questionnement sur notre attitude, nous risquons de mettre trop de nous-mêmes, et de devenir des justiciers. Or ce n’est pas notre rôle de journalistes. Plusieurs d’entre nous ont recueilli le témoignage de victimes. Nous en avons été bouleversés, voire sidérés. Mais nous devons rester capable de faire un pas de retrait ou de côté.»
Pour le président de l’ASJC, le travail du journaliste est d’expliquer, non pas pour justifier, mais pour comprendre. «Sans juste compréhension du phénomène, comment parler de réparation et peut-être de pardon? Pas plus que de nous sentir coupables de ›faire du mal à l’Eglise’, nous ne devons pas nous sentir coupables d’appartenir à une Eglise que le péché de certains de ses membres a profondément blessée», a-t-il conclu.
Invité de l’assemblée, Patrick Renz, directeur sortant de Migratio, la pastorale catholique des migrants en Suisse, a présenté la réalité de cette présence dans notre pays. Aujourd’hui, les catholiques issus de la migration constituent presque le tiers des membres de l’Eglise. Ce qui fait que le nombre des catholiques en Suisse reste assez stable (contrairement aux protestants). La forte majorité de ces catholiques sont des Italiens, des Portugais, et des Espagnols suivis des Croates. Mais on trouve aussi des Vietnamiens, des Polonais ou des Syro-malabars indiens. En tout, 110 missions linguistiques se réunissent dans quelque 500 lieux de culte.
Patrick Renz a lancé un fort plaidoyer pour la diversité. «Trop souvent nous considérons la présence de ces communautés étrangères comme un problème au lieu de la voir comme une richesse culturelle.» Paraphrasant le pape François, il souligne que celui qui ne laisse pas de place à la différence, ne laisse pas de place à Dieu.
Cette situation marginale se vérifie aussi dans les chiffres. Alors qu’ils constituent 31% des catholiques, les étrangers contribuent à environ 16% des impôts ecclésiastiques. Mais les missions linguistiques ne représentent que 6% des budgets de l’Eglise en Suisse. Ces chiffres, issus d’une étude à paraître prochainement, sont à prendre avec une certaine précaution, à cause de la diversité des situations cantonales, admet Patrick Renz. Mais ils montrent une réalité qui n’est pas suffisamment prise en compte, déplore-t-il. Il s’agit de développer aujourd’hui en Eglise une vraie volonté politique pour agir.(cath.ch)
Rédaction
Portail catholique suisse
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