Godfried Danneels est né le 4 juin 1933 à Kanegem, en Flandre-Occidentale, aîné de six d’une famille d’enseignants. Après sa scolarité au collège Saint-Joseph à Tielt, il entama sa formation sacerdotale au séminaire de Bruges et à l’Université catholique de Louvain. Ayant obtenu la licence en philosophie, il fut alors envoyé à l’Université Grégorienne de Rome pour y poursuivre la théologie (1954-1959). Il fut ordonné prêtre en 1957 dans sa paroisse natale de Kanegem.
Dès 1959, il devint directeur spirituel et professeur de théologie sacramentaire et de liturgie au Grand Séminaire de Bruges. En 1961, il obtint un doctorat en théologie à l’Université Grégorienne de Rome. A partir de 1969, en plus de ses cours au Grand séminaire, il devint professeur à la Faculté de théologie de Leuven. Il fut également secrétaire de rédaction de la revue Collationes, revue flamande de théologie et de pastorale. Il a été également auteur de nombreux ouvrages sur ces sujets.
Le pape Paul VI le nomma évêque d’Anvers en 1977. Il n’était âgé alors que de 44 ans. Il choisit comme devise épiscopale Apparuit humanitas Dei nostri (»L’amour de notre Dieu s’est manifesté pour les hommes») extrait de la lettre de Saint Paul à Tite (3,4).
En 1979, le pape Jean Paul II le nomma archevêque de Malines-Bruxelles le 21 décembre 1979. il fut créé cardinal en 1983.
Conformément au Droit canon, le cardinal Danneels a présenté sa démission au pape Benoît XVI le 4 juin 2008, à l’âge de 75 ans, mais il resta en place jusqu’au 27 février 2010. A la retraite, Godfried Danneels se retira de la vie publique pour consacrer plus de temps à la prière, la littérature et d’autres formes d’art. A la demande explicite du pape François, il a encore participé aux synodes consacrés à la famille en 2014 et 2015. Depuis, son état de santé s’était dégradé peu à peu. Il est décédé à son domicile.
«Notre reconnaissance à l’égard du cardinal Danneels est très grande. Pendant de nombreuses années, il a guidé l’Eglise, tel un vrai pasteur, à un moment où l’Eglise et la société connaissaient des changements fondamentaux, relève son successeur le cardinal Jozef De Kesel. Son rayonnement, tant dans notre pays que dans l’Eglise universelle, s’est accru au fil du temps. Par sa parole d’une inspiration tellement cordiale, qu’elle soit dite ou écrite, il nous a toujours conduits à la source d’une main très douce. Il a aussi connu des épreuves. A la fin de sa vie, il était affaibli et épuisé. Nous nous souvenons de lui avec reconnaissance; qu’il repose maintenant dans la paix de Dieu».
Tant comme évêque d’Anvers qu’archevêque de Malines-Bruxelles et président de la Conférence épiscopale de Belgique, Godfried Danneels fut aussi l’avocat, tant au plan national qu’international, des intuitions et des décisions de Vatican II, entre autres en faveur d’une gouvernance ecclésiale plus collégiale et plus synodale, du renouveau liturgique et du dialogue œcuménique et inter-religieux.
Lorsqu’il accéda à la tête de l’Eglise belge, celle-ci connaissait un des plus grands changements de son histoire, dans une société en pleine mutation, notamment sur le plan des moeurs. D’une position majoritaire et évidente, l’Eglise devenait plus minoritaire, en plein questionnement sur son avenir et sur sa place dans la société belge, à la recherche aussi d’une nouvelle manière de se situer en ces temps nouveaux. Grâce à son langage imagé et sa présence appréciée dans les médias, le cardinal Danneels devint pour l’opinion publique la figure de proue de l’Eglise belge.
Sa voix résonna aussi dans les forums internationaux. Il prit ainsi part à de nombreux synodes d’évêques. Il était membre de diverses instances vaticanes, du Conseil des Conférences épiscopales européennes (CCEE), de Pax Christi international, de la Conférence mondiale des religions et de la Paix (WCRP) et du Conseil européen des leaders religieux (ECRL).
«L’opinion la plus dure n’est pas pour autant la plus intelligente», déclarait le cardinal Danneels dans une interview à l’hebdomadaire catholique Tertio à l’occasion de son 75ème anniversaire. Il s’exprima beaucoup non seulement à propos de thèmes internes à l’Eglise mais aussi sur des questions de société. Il fut un des premiers à dénoncer régulièrement le nationalisme, l’antisémitisme et l’islamophobie, il demanda aussi plus d’attention à l’égard des migrants et des réfugiés.
Les deux visites rendues par le pape Jean Paul II en Belgique en 1985 et en 1995, et les élections des papes Benoît XVI en 2005 et François en 2013 resteront des grands moments de son long épiscopat. Le scandale des abus sexuels commis par des prêtres de son diocèse pèsera très lourdement sur lui. Dès la fin des années 1990, il érigea un point de contact et une commission indépendante destinés aux victimes. En 2010, quand son confrère Roger Vangheluwe, évêque de Bruges, reconnut avoir lui-même commis de tels abus sur ses neveux, il en fut très affecté.
Quelques mois avant son 80e anniversaire, il avait pu encore participer à l’élection du pape François, en mars 2013. Il était visiblement enthousiasmé par ce choix du conclave auquel il n’était, semble-t-il, pas totalement étranger. Il a même pu prendre part depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre à la présentation du nouveau pape. L’insistance du pape François sur la collégialité dans le gouvernement de l’Eglise et sa main tendue à tous ceux qui se sentent loin de l’Eglise étaient pour lui une grande satisfaction .
Personnalité publique d’envergure, l’homme Godfried Danneels était pourtant de nature discrète. Davantage moine que prêtre, dit-il de lui-même un jour. Qui le rencontrait encore, découvrait un homme simple, plein de gratitude, un être profondément croyant qui se préparait intensément à la rencontre avec son Seigneur au service duquel il a donné toute sa vie, relève le magazine en ligne Kerknet. (cath.ch/com/Kernet/mp)
Le cardinal Danneels a servi tant dans son diocèse qu»«²Ã l»«²Ã©chelon national, notamment au cours de ses trente ans de présidence de la Conférence des évêques de Belgique. Dans son message, le pontife rend également hommage aux engagements du cardinal au sein des différents dicastères dont il a été membre, notamment la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Selon le successeur de Pierre, le cardinal Danneels était de plus «attentif aux défis de l»«²Eglise contemporaine». Créé cardinal en 1983, le haut prélat belge a également pris une «part active» à divers synodes des évêques, notamment ceux sur la famille en 2014 et 2015 où il figurait parmi les 26 invités du pape François. L»«²ancien primat de Belgique avait également participé aux deux derniers conclaves de 2005 et de 2013. Selon la rumeur, il aurait pris une part très active en vue de l’élection du cardinal Bergoglio.
Le cardinal Danneels sera enterré à la cathédrale Saint-Rombaut de Malines. La date de ses funérailles n’a pas encore été communiquée. (cath.ch/imedia/pad/mp)
Maurice Page
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