La Fribourgeoise d’adoption fait partie du groupe de facilitateurs et facilitatrices d’Action de Carême (AdC) et de Pain pour le prochain (PPP) à disposition de groupes intéressés à combattre le changement climatique. cath.ch l’a rencontrée au Centre Sainte-Ursule à Fribourg, où elle prépare les prochaines étapes du parcours «De la tête au cœur vers les mains: vivre ensemble une transition écologique» (*).
Mère de deux garçons de 10 et 12 ans, Dorothée Thévenaz Gygax habite avec sa famille à Vevey et travaille depuis une quinzaine d’années à Action de Carême à Lausanne. Elle a passé son enfance à Attalens, en Veveyse, avant de fréquenter le Collège de Bulle – où son prof de philo fut le futur Mgr Genoud – et d’obtenir un master en ethnologie, géographie et psychologie sociale et cognitive à l’Université de Neuchâtel. Les études, les thématiques d’Action de Carême, les voyages sur le terrain, l’ont poussée à une réflexion sur son mode de vie et celui de sa famille.
«Cela doit nous pousser à chercher, dans notre propre environnement, de nouveaux modèles de développement, moins gourmands en énergie, moins centrés sur la consommation, plus respectueux de la nature. Et cela ne va pas sans que nous nous heurtions de temps en temps à nos propres contradictions !»
Dorothée co-anime avec Michel Maxime Egger, responsable du laboratoire de la transition intérieure à PPP, et sœur Laurence Foret, animatrice spirituelle et responsable du Centre Sainte-Ursule, des ateliers pour une transformation vers un mode de vie plus sobre et plus responsable.
Dans sa vie quotidienne, Dorothée cherche à mettre en œuvre des recettes pour réduire l’empreinte carbone de la famille. «C’est aussi tout un chemin intérieur, un travail sur les motivations et obstacles intérieurs pour changer de comportement. A la maison, nous organisons des ‘conseils de famille’ pour discuter de l’organisation de notre vie en commun dans la famille, pas seulement pour traiter des questions écologiques. Mais nous abordons ces problèmes, il y a une discussion, des réflexions, et les enfants sont sensibilisés au développement durable. Ils m’appellent ‘maman bio'».
La famille ne dispose que d’une voiture et se déplace essentiellement en transport en commun. En ce qui la concerne, Dorothée ne mange plus de viande, mais ce n’est pas le cas du reste de la famille, qui n’est toutefois pas une grande carnivore. Outre son petit jardin, sur la terrasse, qui lui fournit quelques légumes et abrite le compost, la famille se procure des produits bio au marché de Vevey. Elle a participé à un réseau d’agriculture contractuelle de proximité fournissant un panier hebdomadaire de légumes et achète aussi au supermarché des produits étiquetés bio.
«On repense aussi nos vacances, et l’an dernier, on les a passées en Suisse. On évite de prendre l’avion, mais cela ne doit pas être une démarche systématiquement imposée à la famille. On reste en dialogue, car il ne sert à rien de dénoncer uniquement, cela rend impuissant. Alors on change d’abord ce que l’on peut, on fait de petits gestes concrets: on ne prend plus que des produits de nettoyage écologiques, on a abaissé la température du lave-linge. On prend des livres à la bibliothèque, on fréquente la bourse aux vélos, la bourse aux jouets, le troc d’hiver, pour l’équipement de ski. On recycle ainsi des biens de consommation».
La famille Thévenaz Gygax a également installé dans son jardin une colonie d’abeilles sauvages, des abeilles maçonnes indigènes qui pollinisent dans les environs les arbres fruitiers et les plantes du jardin. «Les enfants peuvent suivre l’évolution de ces abeilles sauvages logées dans une maisonnette: ils découvrent les abeilles qui éclosent, qui cherchent du pollen et s’occupent de leur progéniture… Ils sont attentifs, ils se reconnectent ainsi avec la nature environnante!»
Les ‘Conversations carbone‘, promues en Suisse romande par les Artisans de la transition, à Fribourg, s’adressent à toute personne voulant progresser résolument vers un mode de vie plus sobre en carbone. La méthode permet à chacune et à chacun de surmonter ses sentiments d’impuissance, de se mettre en accord avec ses valeurs et de s’atteler à réduire dans la durée ses émissions de CO2. AdC et PPP sont à la recherche de partenaires pour lancer les ‘Conversations carbone’ et proposer cette méthodologie venue d’Angleterre en Suisse alémanique. Ces parcours devraient débuter outre-Sarine dès cet automne.
«L’encyclique du pape François Laudato sì inspire et soutien notre travail, relève Dorothée Thévenaz Gygax. «Action de Carême avait déjà fait une campagne sur le changement climatique en 2009 et soulignait les enjeux pour la survie des partenaires dans le Sud. Mais Laudato sì est une bénédiction pour nous: avant, le thème de l’écologie était embryonnaire au sein de l’Eglise catholique». (cath.ch/be)
(*) Après les étapes du 7 février 2019 et du 7 mars, la suite du parcours aura lieu au même endroit les 11 avril, 2 mai et 6 juin 2019.
Jacques Berset
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/dorothee-thevenaz-gygax-la-maman-bio-3-7/