Mgr Barbarin s’est exprimé à 13 heures, le 7 mars, depuis la maison diocésaine de Lyon pour annoncer sa démission, rapporte la presse française.
Le cardinal Barbarin était mis en cause pour avoir tardé à dénoncer à la justice les agissements du Père Bernard Preynat, reconnu coupable d’abus sexuels sur des dizaines de mineurs dans les années 1970 à 1990. La condamnation à une peine de prison de l’archevêque de Lyon est inattendue, alors que le 9 janvier 2019, la procureure adjointe Charlotte Trabut n’avait requis aucune condamnation contre le cardinal et cinq autres responsables du diocèse de Lyon.
Jacques Nuoffer se dit «très heureux de la condamnation». Le président du groupe SAPEC- homologue romand de la «Parole libérée» française – y voit «un bon signe pour l’Eglise française. C’est la traduction juridique de la tolérance zéro, prêchée par le pape François. Elle s’étend jusqu’aux responsables ecclésiaux qui ne dénoncent pas les abus à la justice».
Présent à Rome lors du sommet sur la protection des mineurs, du 21 au 24 février 2019, Jacques Nuoffer plaide pour une modification du droit canon. Avec le soutien d’autres associations de victimes, il souhaite que le renvoi de l’état clérical y soit inscrit pour les évêques qui font entrave à la justice. Le cardinal Barbarin pourrait-il donc tomber sous le coup d’une telle sanction? «Etant donné que la justice l’a reconnu coupable, oui», assure le représentant de victimes.
L’archevêque de Lyon ne s’est pas déplacé au tribunal pour l’énoncé du verdict, souligne le journal La Croix. Les cinq autres personnes mises en cause n’ont pas été condamnées. Les avocats du cardinal ont annoncé leur intention de faire appel de la condamnation. «La motivation du tribunal ne me convainc pas. Nous allons donc contester cette décision par toutes les voies de droit utiles», a indiqué l’avocat Jean-Félix Luciani. «Il était difficile pour le tribunal de résister à une telle pression avec des documentaires, un film… Ça pose de vraies questions sur le respect de la justice», a-t-il relevé.
«C’est une grande victoire pour la protection de l’enfance», a estimé pour sa part l’un des plaignants Francois Devaux, cofondateur de l’association «La Parole libérée». «Cette victoire envoie un signal très fort à beaucoup de victimes et leur permet de comprendre qu’elles sont entendues, écoutées et reconnues», a-t-il ajouté, estimant qu’il s’agissait de «l’aboutissement d’un long parcours pour qu’émerge une prise de conscience». François Devaux a qualifié la démission du prélat «d’évidence», tout en précisant qu’il ne l’avait pas demandée.
La Conférence des évêques de France (CEF) a déclaré dans un communiqué prendre acte de la décision de justice, en indiquant qu’elle ne la commentera pas. La CEF rappelle que, comme tout citoyen français, le cardinal a le droit d’utiliser les voies de recours à sa disposition. Tout en confirmant que cela a été fait, les évêques assurent attendre l’issue de cette nouvelle procédure. Quant à la décision du Primat des Gaules de démissionner, ils soulignent qu’elle «relève de sa conscience personnelle». (cath.ch/cx/ag/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/le-cardinal-barbarin-condamne-a-six-mois-de-prison-avec-sursis/