«Nous regrettons profondément la mort du leader indigène Francisco López, survenue dimanche dernier, sur la Plaza de Armas, dans le centre d’Asunción, à la suite d’une violente attaque perpétrée par des tueurs impitoyables», écrit le secrétariat général de la Conférence des évêques paraguayens (CEP).
300 indigènes de Takuara’i, dans le district de Corpus Cristi (département de Canindeyú), près de la frontière brésilienne, ont été délogés des terres ancestrales qu’ils cultivaient par des paramilitaires brésiliens, le 28 octobre 2018. Ils ont été attaqués et mitraillés en pleine nuit par des hommes armés qui ont incendié leurs maisons, leur école et même leur petite église. Des indigènes ont été blessés par balles. Le millier d’hectares de terres qui leur appartenaient sont désormais la propriété de cultivateurs privés brésiliens, qui, selon les Indiens Ava Guaranis, ont été acquises de manière illégale avec la complicité de politiciens locaux.
Dans certains cas, les territoires ont un double titre de propriété, dans d’autres la population indigène est devenue locataire de ses propres terres ou a dû s’installer dans des habitats de fortune.
Le Père Francisco de Paula Oliva, un jésuite de 91 ans, qui défend les habitants du Bañado Sur, un quartier déshérité d’Asunción installé sur les rives inondables du Rio Paraguay, s’est joint aux protestataires sur la Plaza de Armas, avec des membres de la Coordination Nationale de la Pastorale Indigène CONAPI.
«Assez de violences et de haine ! Arrêtez de tuer vos frères !», peut-on lire dans le communiqué de la Conférence épiscopale du Paraguay (CEP), qui dénonce la violence qui s’est déchainée contre de la population indigène du Paraguay. La CEP regrette aussi l’absence d’assistance réelle de la part de l’Etat paraguayen pour résoudre «de manière efficace, réelle et définitive» le conflit fondamental, à savoir le manque de terres, qui est la raison des revendications de ces communautés indigènes qui manifestent dans la capitale depuis plusieurs mois.
En tant qu’Eglise, écrivent les évêques paraguayens, «nous sollicitons les autorités et en particulier l’Institut national des indigènes (INDI) afin qu’ils redoublent d’efforts pour protéger nos frères indigènes et en particulier pour répondre à leurs demandes légitimes. Nous ne pouvons pas continuer à pleurer les pertes en vies humaines pour prendre conscience de la situation critique dans laquelle vivent les plus vulnérables et qui devrait faire l’objet d’une attention prioritaire». (cath.ch/cep/be)
Jacques Berset
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