La culpabilité du cardinal George Pell dans l’affaire d’agression sexuelle sur mineur a été prononcée par le County court de Melbourne le 11 décembre 2018. La nouvelle n’a pourtant été diffusée par les médias australiens, puis reprise dans le monde entier, que le 26 février 2019. Le cardinal qui nie toujours les accusations, a fait appel.
Il a donc fallu attendre plus de deux mois pour que les médias puissent relayer le verdict de la justice australienne. L’affaire avait en effet fait l’objet, en décembre 2018, d’une «ordonnance de suppression» (suppression order), une décision de la justice australienne imposant une obligation totale de silence. L’»ordonnance de suppression» implique même de ne pas évoquer cette interdiction de couvrir le procès.
Egalement accusé d’agression sexuelle sur deux mineurs à la fin des années 70, le cardinal devait se présenter à un autre procès fin février. Le juge de Melbourne, Peter Kidd, souhaitait que les jurés du second procès ne soient influencés par les débats du premier.
Le tribunal a donc souhaité garantir la neutralité du second jury et cela impliquait de ne pas diffuser d’informations sur le premier procès. Et donc de ne pas informer sur la culpabilité du cardinal australien. Les journalistes risquaient la prison et leur média des amendes s’ils outrepassaient cette ordonnance.
Le 26 février, le cardinal Pell est finalement a été informé par le juge de l’abandon des poursuites dans ce second procès, faute de preuves. L’ordonnance sur le premier procès a donc été levée, et les médias peuvent désormais en rendre compte.
La transparence de la justice est un principe central du droit australien. L’»obligation de silence» est censée être exceptionnelle, notamment dans les affaires de viol ou les dossiers liés à la sécurité nationale.
Mais une guerre des gangs sans précédent, à la fin des années 1990 à Melbourne, a changé la donne. Face à l’inflation du nombre de procédures complexes et liées, les tribunaux de la ville ont multiplié les «ordonnances de suppression» afin de protéger témoins et prévenus.
Ancien membre du Conseil des cardinaux (le C9), le cardinal George Pell en avait été «remercié» en décembre dernier par le pape François. La reconnaissance de culpabilité du cardinal australien, actuel n° 3 du Vatican mis «en congé» par le pape, a été rendue publique e le 26 février 2019.
Les faits se sont déroulés dans la sacristie de la cathédrale Saint-Patrick de Melbourne dans les années 1990. Il encourt jusqu’à 50 ans de prison. Une nouvelle audience est fixée au 27 février 2019. (cath.ch/ag/rz/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/le-cardinal-pell-mis-en-detention/