Le haut prélat a exhorté en premier lieu de traiter avec dignité et respect les victimes et leurs familles ainsi que de leur dispenser un véritable soin pastoral. Signaler un abus selon lui ne devrait pas être obstrué par des règles de confidentialité. Personne, a-t-il encore insisté, ne devrait être discriminé parce qu’il a exprimé aux autorités ecclésiales des allégations à l’encontre d’un évêque. Pour lui, les mécanismes de signalement d’abus doivent donc être plus transparents.
Si l’allégation comporte des aspects crédibles, a-t-il recommandé, l»«²archevêque métropolitain – c»«²est-à -dire placé à la tête d»«²une province ecclésiastique composée de différents diocèses suffragants – devrait pouvoir réclamer du Saint-Siège l’autorisation d’enquêter. Les conférences épiscopales devraient par ailleurs «envisager d’adopter des normes spéciales pour répondre à leurs besoins particuliers» dans lesquelles des experts laïcs pourraient être impliqués, a-t-il suggéré.
Pendant son investigation, le métropolitain devrait alors remonter au Saint-Siège toutes les informations avec l’aide d’experts afin d’assurer l’exécution rapide et professionnelle de son enquête. Dans le même temps, il est important d’accorder à l’individu visé par les allégations une authentique présomption d’innocence. Le Saint-Siège peut si nécessaire assurer la suite de l’affaire à travers un procès pénal ou administratif, ou d’autres dispositions adaptées. Il peut également communiquer au métropolitain concerné le processus à suivre. Dans tous les cas, sauf exception exprimée dans le droit canon, la décision finale appartiendrait au pontife.
Tout au long de ce processus, a-t-il encouragé, l’Eglise doit incarner, «pour ceux écrasés par l’abus du clergé», la Pietà – c’est-à -dire la mère «brisée dans la souffrance, consolante et protectrice dans l’amour».
En plus des abus sexuels, le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Bombay (Inde), a pointé l’échec de ne pas savoir les aborder de manière ouverte, responsable et efficace. Et si ces actes semblent dramatiquement présents dans certaines parties du monde, ce phénomène ne s’y cantonne pas pour autant. L’Eglise doit donc s’attaquer à cette crise en empruntant le chemin de la collégialité et de la synodalité.
Aucun évêque ne peut s’estimer étranger à ce problème en raison de la situation jugée positive dans son propre diocèse. Une situation observée notamment dans certaines régions d’Afrique comme au Ghana ou en Côte d’Ivoire, où les abus sexuels sont minimisés. «Nous sommes tous responsables de toute l’Eglise», a ainsi considéré le haut prélat, c’est pourquoi, il faut traiter cette crise ensemble. L’inquiétude de chacun doit donc s’étendre au-delà des Eglises locales pour embrasser toutes les Eglises avec lesquelles nous sommes en communion.
En ce sens, la collégialité des responsables ecclésiaux exprime la variété et l’universalité du peuple de Dieu, mais aussi l’unité du troupeau du Christ. Concrètement, a-t-il développé, aborder le fléau des abus sexuels de manière collégiale signifie le faire tant avec une vision singulière et unifiée qu’avec la souplesse et l’adaptabilité qui découlent de la diversité des personnes et des situations. Dans cette optique enfin, il suggère d’améliorer et d’intensifier l’échange d’informations au sein de l’Eglise mais aussi avec les autorités civiles. (cath.ch/imedia/pad/cg/mp)
Maurice Page
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