«Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent; ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faite-le aussi pour eux…» Désormais, personne n’est exclu de notre amour, pas même les ennemis déclarés, les persécuteurs.
Autant dire que la charité prônée par Jésus n’a rien d’un amour facile, à fleur de peau, vite satisfait de lui-même, ergoteur ou calculateur. Elle n’est pas à confondre avec une quelconque vertu humanitaire qu’on tirerait de son propre fonds. Qui se croirait capable de répondre à la haine par le bien, à la malédiction par la bénédiction, aux mauvais traitements par la prière? L’image même de Jésus qui met en œuvre la miséricorde divine en pardonnant sur la croix à ses bourreaux, affleure ici: amour désintéressé, gratuit, d’une somptueuse générosité, non violent.
«La charité n’est pas à confondre avec une quelconque vertu humanitaire qu’on tirerait de son propre fonds»
Oui, il s’agit vraiment d’aimer sans mesure! Aimer l’autre simplement pour qu’il existe, pour qu’il entre au banquet, même si je suis pierre par lui foulée, comme celle d’un humble gisant de cathédrale, au nom vite effacé. Aimer gratuitement, et non avec une âme crochue qui chercherait à rentabiliser la bonté pour elle-même. Aimer avec les yeux clairs, non d’après le bien et le mal dont on se ferait juge, mais selon ce que chaque personne a en elle d’unique et, finalement, de sauvé. Aimer en renonçant à avoir le dernier mot, en acceptant le risque d’être dupé, en sachant par-donner au-delà de ce que prévoient barèmes et tarifs.
Alors impossible challenge, idéal inaccessible. Peut-être, mais qui sait où nous en serions aujourd’hui, si ces paroles n’avaient pas été prononcée un jour?…
«Quel la miséricorde l’emporte toujours dans ta balance, jusqu’au moment où tu sentiras en toi la miséricorde que Dieu éprouve envers le monde." (Isaac le Syrien)
Sœur Marie-Paule | Vendredi 22 février 2019
Lc 6, 27-38
En ce temps-là,
Jésus déclarait à ses disciples :
« Je vous le dis, à vous qui m’écoutez :
Aimez vos ennemis,
faites du bien à ceux qui vous haïssent.
Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent,
priez pour ceux qui vous calomnient.
À celui qui te frappe sur une joue,
présente l’autre joue.
À celui qui te prend ton manteau,
ne refuse pas ta tunique.
Donne à quiconque te demande,
et à qui prend ton bien, ne le réclame pas.
Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous,
faites-le aussi pour eux.
Si vous aimez ceux qui vous aiment,
quelle reconnaissance méritez-vous ?
Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment.
Si vous faites du bien à ceux qui vous en font,
quelle reconnaissance méritez-vous ?
Même les pécheurs en font autant.
Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour,
quelle reconnaissance méritez-vous ?
Même les pécheurs prêtent aux pécheurs
pour qu’on leur rende l’équivalent.
Au contraire, aimez vos ennemis,
faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour.
Alors votre récompense sera grande,
et vous serez les fils du Très-Haut,
car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants.
Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.
Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ;
ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés.
Pardonnez, et vous serez pardonnés.
Donnez, et l’on vous donnera :
c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante,
qui sera versée dans le pan de votre vêtement ;
car la mesure dont vous vous servez pour les autres
servira de mesure aussi pour vous. »
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