L'écoute des victimes au cœur du sommet sur la protection des mineurs           

Dans un climat «grave», les évêques présents au sommet sur la protection des mineurs ont centré leur première demi-journée sur l’écoute de témoignages de victimes pour prendre la pleine mesure de ce drame, ont expliqué différents participants lors d’une conférence de presse le 21 février 2019.

Lors de cette première session de travaux, des témoignages des victimes des cinq continents ont été diffusés dans l’aula. Ce choix d’une représentation mondiale a été voulue, a expliqué le Père Zollner, référent du comité organisateur, pour montrer que toutes les zones du monde sont concernées.

Un rappel important alors que selon l’Australien Mgr Mark Coleridge certains prélats d’Asie ou d’Afrique ne comprennent encore pas la focalisation sur les abus sexuels. Selon eux, d’autres formes d’abus existent aussi dans leurs pays, comme les enfants-soldats. Il est donc, pour l’évêque australien, important de gérer les différents contextes culturels lors des échanges.

Pendant l’écoute de ces témoignages, a repris le Père Lombardi, le climat était très «grave, intense». Bien qu’ayant souvent écouté des victimes, Mgr Coleridge s’est dit particulièrement ému par cette écoute en présence d’autres évêques et du pape. «Le mot ‘écouter’ est la clef absolue» de cette première session, a-t-il considéré.

Un «plus grand rôle» des victimes

Par ailleurs, pour le Père Lombardi, les 21 points de réflexion distribués à la demande du pape François donnent un «sentiment très vif» de la concrétude des débats voulue par le successeur de Pierre. Ces éléments sont une «feuille de route» et non l’aboutissement du sommet, a assuré Mgr Scicluna, membre du comité organisateur. Avant d’insister: «le pape ne veut pas seulement que l’on comprenne, mais aussi que l’on soit très concrets». Pour cela, a estimé le Père Zollner, est nécessaire un «engagement sincère» à mieux lutter contre les abus. Sans quoi «cela sera faux ou inefficace», a renchéri Mgr Scicluna.

Celui-ci a en outre confié espérer voir ce sommet être suivi par une révision des lignes de conduite des conférences épiscopales. En effet, il faut selon lui un «plus grand rôle» des victimes dans «le discernement et les mesures». De manière plus ample, une plus grande ouverture des évêques à collaborer avec d’autres personnes – et avec la justice étatique – a été soulignée pour répondre à de tels cas.

Des statistiques à venir?

Selon Mgr Scicluna, également secrétaire-adjoint de la Congrégation pour la doctrine de la foi, ce dicastère «n’exclut pas» la possibilité de publier des statistiques sur les abus, tout en accompagnant cette publication d’une mise en contexte. Dans le même registre, il a estimé que les fidèles – à commencer par les victimes – devraient pouvoir avoir accès au nom des prêtres de leur diocèse qui ont été condamnés.

Interrogé sur un éventuel renvoi systématique de l’état clérical des prêtres condamnés, le prélat maltais a répondu qu’il fallait plutôt raisonner «au cas par cas». Un prêtre de 80 ans, a-t-il illustré, n’a généralement plus de ministère public et n’a donc souvent plus de contact avec des jeunes. (cath.ch/imedia/xln/rz)

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Raphaël Zbinden

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