Chris Gastmans est professeur d»«²Ã©thique médicale et de l’hétique des soins à l»«²université de Louvain (Belgique). Le Belge, membre de l’Académie pontificale pour la vie, interviendra lors du colloque consacré à la roboéthique. Il coordonne le cours intensif d’éthique en soins infirmiers. Il est également éthicien au sein du comité d’éthique de projets financés par des fonds européens, ainsi que dans le comité d’éthique des hôpitaux universitaires de Louvain.
Pourquoi avez-vous été retenu parmi les participants à ce colloque?
Membre de l»«²Académie pontificale pour la vie, je fais partie du groupe spécialisé sur la robotique et l»«²Ã©thique dont je suis le président. Dans ce cadre, nous avons développé ce programme pour ce symposium à venir. Je mène par ailleurs des recherches sur les robots dotés d»«²intelligence sociale ainsi que sur leur utilisation auprès des personnes âgées.
Quel sujet allez-vous aborder au cours de ce symposium?
J»«²aimerais apporter une vision générale sur l»«²importance de mener une réflexion sur l»«²utilisation des robots sociaux et assistants dans le soin aux personnes âgées. Pas seulement donc sur les raisons pour lesquelles il est important de se pencher sur le sujet, mais également les origines de cette question. Sans oublier le contexte social, bien entendu: le nombre croissant de naissances d»«²une part, et de l»«²autre le nombre décroissant de professionnels de la santé.
«Il est important que le Vatican apporte une vision critique à ce développement.»
Dans le domaine médical, les robots sont-ils l»«²avenir de l»«²homme?
Le vieillissement de la population marque un défi démocratique important et nécessite davantage d»«²aides-soignants, dont nous manquerons sans doute dans les années à venir. Dans ce contexte sont explorées des alternatives et l»«²une de ces options est effectivement l»«²utilisation de robots. Il faut bien entendu explorer la dimension éthique de l»«²utilisation de ces robots. Par principe, je ne suis ni pour ni contre les robots mais je reconnais leur évolution inéluctable. Les robots deviennent de plus en plus importants, notamment en chirurgie. Ces derniers n»«²interviennent d»«²ailleurs pas seulement dans le domaine de la santé ou du soin aux personnes âgées. Les robots sont utilisés dans bien d»«²autres sphères de la société: dans les usines, les transports, l»«²automatisme. Ils sont de plus en plus intégrés dans nos vies.
Y-a-t-il certains risques éthiques à cette évolution?
Quand on parle de robots, on ne se limite pas uniquement à ceux qui effectuent des tâches techniques mais également à ceux qui sont par exemple capables de communiquer avec les personnes âgées. Dans ce cadre, on peut considérer les robots comme un assistant de l»«²infirmière, l»«²aidant dans sa tâche, ou à l»«²inverse comme son remplaçant. Les futures infirmières pourraient à ce titre être robotisées. D»«²un autre point de vue, ils permettent de lutter contre l»«²isolement social ou de diminuer les dépressions.
Le Vatican a-t-il des réponses à apporter à ces questions d»«²Ã©thique dans la robotique?
Il est important que le Vatican apporte une vision critique à ce développement. L»«²Ã©thique doit notamment aider à faire preuve de jugement sur les recherches afin de voir si ces progrès peuvent être utilisés sans heurter la dignité humaine. Et d»«²empêcher dans le cas échéant les inconduites qui pourraient mettre en danger la dignité humaine. Voilà le rôle de l»«²Ã©thique, et cette tâche incombe également au Vatican. Si l»«²utilisation des robots est éthique, cela aura aussi une influence sur notre manière de penser l»«²Ãªtre humain, l»«²anthropologie. Il est important pour le Vatican de voir combien la mise en Å“uvre des robots dans les droits de l»«²homme affecte nos présuppositions. Les robots ne sont pas uniquement des machines, même s»«²ils ressemblent parfois à des êtres humains, sans en être. (cath.ch/imedia/pad/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
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