Y aurait-il un lien entre le «Verbe créateur» et le «langage» du code génétique? La Bible décrit-elle correctement le Big Bang? Telles sont des questions que Brunor développe depuis 2009 dans la série des «Indices pensables». cath.ch a rencontré le journaliste et illustrateur à l’occasion d’une conférence, dans le cadre de la Journée de la catéchèse de l’Eglise catholique dans le canton de Fribourg, le 9 février 2019.
Dans le monde actuel, on a l’impression que le dialogue entre foi et science est de plus en plus difficile. Vos bandes dessinées peuvent-elles aider à apaiser ces rapports?
La foi est les sciences sont pour moi complémentaires et c’est une erreur de les opposer. Les sciences expérimentales nous apprennent à lire l’univers et à nous libérer des fausses croyances. Le problème est que l’Eglise a longtemps eu peur de la science, notamment suite aux découvertes faites par Galilée ou Darwin. Les chrétiens ont eu l’impression qu’il y avait une lutte entre foi et raison et qu’il fallait choisir entre les deux. Mais à présent cette dichotomie n’a plus lieu d’être, car la science a tendance à confirmer les récits de la Bible.
A l’inverse, il faut rejeter la science «idéologisée» qui se permet de juger les questions d’ordre philosophique ou théologique. La véritable science expérimentale reconnaît que ce n’est pas son champ de compétences.
Quels sont les principaux éléments de la Bible confirmés par la science?
Beaucoup de convergences sont observables. Les Hébreux ne se sont jamais trompés dans leur représentation du monde. Dans un langage bien sûr symbolique, le récit de la Genèse explique par exemple le fait que la vie a commencé dans l’eau et que l’homme apparaît en dernier dans l’histoire de la terre. Des données scientifiques maintenant certaines. Mais qui ne l’ont pas toujours été. Platon pensait notamment que l’homme était apparu avant les autres créatures.
La Bible, souvent considérée comme un «conte de fées» ou un récit mythologique fantasque, est en fait la représentation du monde ancienne la plus compatible avec les connaissances scientifiques actuelles.
Quel est votre propre bagage scientifique?
Je n’ai pas de réelle formation scientifique. J’ai fait un bac scientifique et de l’architecture, ce qui m’a donné les assises suffisantes et l’audace de me plonger là-dedans. Mais je travaille à la façon du journaliste que je suis. C’est-à-dire que j’aborde ces questions comme un enquêteur honnête qui pose des questions à des spécialistes. Pour des sujets vraiment complexes, je fais valider les informations contenues dans les albums par des scientifiques. Et certains d’entre eux sont emballés par mes bds!
Quel est l’avantage du dessin pour faire passer ce genre d’idées?
Je viens de l’univers de la BD, c’est comme une langue maternelle pour moi. C’est donc naturellement que j’ai trouvé ce moyen d’expression. Mais le Dessin est un média très efficace pour rendre accessible à tous des choses compliquées. C’est un peu comme une parabole. Tout cela est «saupoudré» d’humour. Comme le sel dans un plat, il donne de la saveur et permet de faire passer plus facilement les choses.
Quelle peut être la portée de votre travail dans le monde actuel?
Tout a commencé avec l’affirmation d’un jeune: «D’accord la Bible c’est beau, poétique, mais dépassé par ce que nous savons avec les sciences». Je lui ai dit: «On se revoit dans 15 jours, le temps de réfléchir à cela». Je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’une question essentielle pour nos contemporains qui estiment bien souvent que plus la science avance, plus le Dieu de la Bible recule. «Les indices pensables» ont donc été la réponse. Je voudrais faire en sorte, avec ces albums, que les gens deviennent eux-mêmes des enquêteurs, afin de déterminer les fausses croyances que les sciences éliminent. Je ne veux ainsi apporter aucune «preuve» de l’existence de Dieu. Je dis toujours aux personnes, lors de mes conférences: «Ne croyez rien de ce que je vous dis, vérifiez tout!» (cath.ch/rz)
Brunor
Brunor, né en 1955, de son vrai nom Bruno Rabourdin, est un illustrateur et un scénariste de bande dessinée français.
Après avoir été journaliste, puis responsable des pages bande dessinée de l’hebdomadaire Tintin reporter, il devient illustrateur indépendant en 1990. Il est également collaborateur pour le journal La Croix.
En 2007, il scénarise un album biographique sur Bernadette Soubirou, qui reçoit le prix Gabriel de la BD chrétienne belge en 2008. Avec le Mystère du Soleil froid, paru en 2009, il démarre en solo la série «Les indices pensables» qui compte huit volumes et un hors-série en 2017. Cette série vaut à l’auteur le prix de la BD chrétienne au festival d’Angoulême en 2011. En parallèle, il scénarise un one shot sur Daniel Brottier, avec un dessin d’Hervé Duphot ; l’album est publié en 2013 sous le titre Daniel Brottier – Remuer Ciel et Terre. L’album reçoit le prix de la bande dessinée chrétienne à Angoulême en 20157. IL est également scénariste de plusieurs biographies de saints, dont la dernière est Marie, mère du Christ.
Brunor présente régulièrement des conférences sur «des raisons de croire… vérifiables» pour des publics de jeunes ou d’adultes, croyants ou non. Depuis 2012, il est chargé de mission pour le diocèse de Paris. RZ
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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