La robotisation de la vie (Robotization of life – Ethics in view of new challenges) n’est publié pour l’heure qu’en anglais. En sept pages argumentées, la COMECE pose les fondements éthiques sur l’intelligence artificielle et plus particulièrement les robots. Le texte reconnaît d’abord que la robotisation transcende les limites physiques humaines. Elle réduit l’exposition des travailleurs aux dangers, notamment dans l’industrie, la police et de l’armée, ainsi que dans le secteur médical.
Pourtant, s’inquiètent les prélats de la COMECE, le développement de la robotique est sous-tendu par une culture qui ne tolère plus les limites humaines. Le désir de se libérer des contraintes biologiques dope l’intelligence artificielle, laissant entrevoir un «homme augmenté» ou une assistance accrue avec des robots. La robotisation doit cependant être considérée comme une opportunité, pas comme une nécessité absolue, estiment les évêques.
Axant sa réflexion sur les robots, le groupe de travail mandaté par la COMECE réclame de mesurer leur usage, aussi bien dans la vie sociale que dans les comportements individuels. Quant à les doter de la personnalité morale, «cela remet en question la dignité et la centralité de la personne humaine».
Les évêques européens réaffirment donc des principes essentiels. D’abord, les personnes humaines sont des créatures de Dieu, alors que les robots, en dépit de leur autonomie, sont construits et programmés par des humains. Ensuite, la personne humaine, selon l’anthropologie chrétienne, est capable de choix éthiques. Or le robot ne peut qu’agir en fonction de sa programmation. Seul l’être humain est une personne au sens propre, possédant la pleine dignité.
Par ailleurs, vouloir donner aux robots un statut de «personnes électroniques» nuit à leur cause, indique la COMECE. Les placer à égalité avec les humains contrevient à la Déclaration universelle des Droits de l’homme: «Chacun a le droit à la reconnaissance de sa personnalité juridique» (art. 6).
En ce sens, selon les experts du groupe de travail, accorder la personnalité juridique aux robots «dynamite les frontières entre humains et machines, entre le vivant et l’inerte, entre l’humain et l’inhumain».
En même temps, la COMECE entrevoit les avantages de l’usage croissant des robots. Les travaux inhumains et dangereux pourraient, grâce aux machines, rendre les humains moins exposés. Ces avantages mettent cependant en péril certains groupes, particulièrement les jeunes et les personnes moins éduquées.
Pour les évêques européens, utiliser des robots peut constituer un atout. Mais cela doit être compensé par la sécurité du marché du travail, le respect du bien commun et la protection des droits des travailleurs.
Au final, la commission d’éthique défend la distribution équitable et l’accès loyal aux ressources, avec l’aide des robots. Car l’utilisation de ces derniers peut exacerber les différences sociales et les injustices. Le débat doit donc s’ouvrir quant à un usage raisonnable des machines.
En ce sens, la contribution vitale d’une perspective basée sur la foi chrétienne «ne doit pas être sous-estimée». En effet la culture humaniste peut aider à discerner les enjeux scientifiques et technologiques face aux nouveaux aspects anthropologiques, culturels et éthiques. Elle permettrait d’orienter la réflexion vers le respect de la dignité humaine et la promotion du bien commun. (cath.ch/com/bl)
Bernard Litzler
Portail catholique suisse
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