Des sympathisants de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine se seraient emparés, mi-janvier 2019, de la vieille église Saint-Nicolas, du village de Vorsovka, près de Jytomyr, dans l’ouest du pays. Ils auraient été aidés par des représentants de l’association nationaliste ukrainienne «Svoboda» ainsi que par un représentant du Conseil municipal de Vorsovka.
Quelques jours auparavant, un conflit était survenu entre les partisans de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine et des paroissiens locaux refusant de rejoindre la nouvelle structure ecclésiastique, rapporte Mospat. Des activistes ont alors tenté de rentrer de force dans l’église, mais ils en ont été empêchés par des paroissiens. Avec le soutien du président du Conseil municipal, l’église a été scellée. Suite à l’incident, le recteur de la communauté locale a dû être hospitalisé pour une crise nerveuse.
Des partisans de l’Eglise ukrainienne indépendante se seraient aussi emparés de l’église Saint-Michel du village de Krasnovolia, au nord-ouest du pays. Mospat parle également d’intimidations, de provocations et de vandalisme contre d’autres structures du pays restées fidèles à l’Eglise de Moscou.
Ces incidents se déroulent dans le contexte d’une crise profonde au sein de l’orthodoxie dans le monde et en Ukraine.
L’Eglise russe a rompu, en octobre 2018, toute relation avec le patriarcat de Constantinople, plus haute autorité morale du monde orthodoxe. Cette déchirure historique au sein du monde orthodoxe a été la conséquence directe de la décision de Constantinople de reconnaître l’indépendance de l’Eglise ukrainienne.
Suite à cette décision, le patriarcat de Moscou, sous la juridiction duquel sont placées des milliers de paroisses sur territoire ukrainien, pourrait se voir amputé d’une grande partie de son patrimoine. Les millions de fidèles qui composent la communauté orthodoxe en Ukraine doivent à présent choisir entre les deux camps. D’un côté le patriarcat de Constantinople, le plus ancien, doté de la plus haute autorité spirituelle, de l’autre celui de Moscou, de loin le plus puissant et le plus influent puisqu’il «contrôle» plus de 100 millions de fidèles.
Après la déclaration d’indépendance de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine, encouragée par le gouvernement de Kiev, le président Petro Porochenko avait assuré qu’il n’y aurait pas de saisies par la force de biens liés au patriarcat de Moscou. (cath.ch/mospat/arch/rz)
Raphaël Zbinden
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