JMJ: les attentes de Mgr Hollerich, archevêque du Luxembourg

Mgr Jean-Claude Hollerich, archevêque du Luxembourg et unique évêque de son pays, est aux JMJ de Panama 2019 avec «ses» 7 jeunes participants. Le président de la Commission des Episcopats de l’Union européenne (COMECE) espère que ces JMJ se passent dans l’esprit du Synode sur la jeunesse. Interview.

Cath.ch: Qu’est ce que les JMJ vont apporter aux jeunes Luxembourgeois?
Mgr Hollerich: Au Luxembourg, il est très difficile de se manifester comme catholique, et le courant de la société ne va pas dans ce sens. Par exemple, je constate que dans la capitale, même certains professeurs de lycée se moquent des gens qui vont encore à l’église. Avec les JMJ, il est important pour les jeunes de voir qu’ils ne sont pas les derniers mohicans, mais qu’il y a en a beaucoup d’autres.

Quels sont vos vœux pour ces JMJ?
J’espère que ces JMJ se passent dans l’esprit du Synode sur la jeunesse. J’y avais assisté en octobre 2018, d’où le souhait de créer en février, juste après les JMJ, un conseil de jeunes. Ce conseil qui sera l’égal du conseil presbytéral, du conseil pastoral. Je vais soumettre aux jeunes toutes les discussions pour l’avenir de l’Eglise, afin d’entendre leur voix. Et cela sur tous les points.

Les jeunes présents à Panama feront partie de ce conseil?
Oui, les sept jeunes qui participent aux JMJ de Panama feront partie de ce conseil, sauf s’ils refusent pour des motifs très valables [rire]. Plus sérieusement, ils représentent le Luxembourg au Panama et pourront y partager leurs attentes et soucis avec tous les autres jeunes du monde. Leurs retours des JMJ seront très importants pour le conseil.

Comment fonctionnera ce conseil?
Ce conseil sera formé par des délégués des petits groupes de jeunes que nous avons au Luxembourg. Il y aura ceux qui sont très proches de l’Eglise et ceux qui sont un peu plus éloignés. Mais tout le monde est invité. Nous allons faire quatre séances par an. Mais nous devrons adapter le fonctionnement établi dans les autres conseils, sinon les jeunes vont s’endormir [rire]. Nous ferons par exemple une session d’été, avec des grillades dans mon jardin. Nous serons assis par terre et nous parlerons librement.

«Je mets chaque mois la moitié de mon salaire dans la caisse pour les JMJ»

Qu’attendez-vous concrètement de cette nouvelle structure?
Il faut tout d’abord que les jeunes se sentent écoutés. Parce que dans nos paroisses au Luxembourg, ce sont principalement des personnes âgées. Il est donc difficile pour nos jeunes d’y aller et d’avoir une voix. Il faut donc trouver des moyens spéciaux pour leur donner cette voix. Parce qu’ils doivent construire l’Eglise de demain.

Revenons aux JMJ de Panama, combien de jeunes attendiez-vous initialement?
Je suis déjà très content qu’il y ait quelqu’un. Nous avons, d’une part, beaucoup de Luxembourgeois qui étudient à l’étranger et qui y sont insérés. Et les autres sont en examen. Les lycées ont des cours, donc il devient très difficile de se rendre à Panama. Que sept jeunes soient venus à Panama, c’est un grand succès pour moi.

Combien étiez-vous les autres années?
A Cracovie 2016, nous étions 240 jeunes. Et pour Rio, nous avions fait très fort, nous étions 320! Nous avions pris un charter du Luxembourg et toutes les places étaient prises.

Est-ce que les jeunes financent eux-mêmes leur voyage?
J’étais nouveau comme évêque, et alors j’ai dit que je mettais chaque mois la moitié de mon salaire dans la caisse pour les JMJ. Et je pense que ça a aidé quelques uns à venir. Chacun met ce qu’il peut. Et à côté, pour tous nos voyages, nous faisons différentes actions pour les financer. Par exemple, la dernière fois que nous sommes allés en Thaïlande, nous avons récoltés 40’000 euros, en vendant des petits savons.

Allez-vous souvent en Thaïlande?
C’est un projet de longue date. Nous allions déjà en Thaïlande avec des jeunes Japonais, du temps où j’étais au Japon [jésuite, Mgr Hollerich a été missionnaire à Tokyo de 2001 à 2011, ndlr.]. Avec les Luxembourgeois, nous y sommes déjà allés à trois reprises. Nous construisons des écoles pour les pauvres, nous retapons des maisons de la tribu Karen, et nous avons également construit une église. Actuellement en examen, les séminaristes, qui n’ont pas pu se rendre aux JMJ de Panama, iront prochainement en Thaïlande. Ce voyage fait partie de leur formation à la prêtrise. (cath.ch/gr)

Grégory Roth

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