Dans une déclaration publiée sur leur site internet (www.egliseduburkina.org), les évêques burkinabè relèvent «avec tristesse» que les attaques terroristes n’épargnent plus aucune région du territoire national. Ces actions ont occasionné de nombreuses pertes en vies humaines, dont celles de membres des forces de défense et de sécurité (gendarmes, militaires, douanes, entre autres). Ils ont aussi provoqué de graves dégradations et destructions de biens publics et privés.
Depuis 2016, le Burkina Faso subit les conséquences des activités des groupes radicaux musulmans dans ses deux voisins. Le Mali, au nord et à l’ouest, et le Niger, au nord-ouest sont confrontés à une vague de violences islamistes. Le Nord-Mali a été occupé par les fondamentalistes musulmans de janvier 2012 à février 2013. Durant cette occupation, ils appliquaient la charia (loi islamique) dans les vastes régions désertiques de Tombouctou, Gao et Kiddal. Au Niger, les djihadistes de Boko-Haram, qui sévissent au Nigeria, y ont étendu leurs activités, prenant pour cibles aussi bien des populations civiles que les forces armées.
Après une première attaque retentissante, le 15 janvier 2016, contre l’hôtel Splendid et le restaurant Cappuccino, au cœur de Ouagadougou, qui a fait trente morts – dont le socialiste suisse Jean-Noël Rey, ancien conseiller national et ancien directeur de La Poste, et Georgie Lamon, ancien député au Grand Conseil du canton du Valais – , les actions terroristes islamistes se sont multipliés dans le pays.
De nombreux attentats ont ainsi été perpétrés tant à Ouagadougou (Ambassade de France, siège de l’Etat-major des Forces armées entre autres) que dans le nord du pays, proche du Mali. Au total, le pays a enregistré près de 100 attentats et plus de 200 morts, attribués aux groupes fondamentalistes en 4 ans.
Les évêques burkinabè, tout en exprimant leur «douleur» et leur «compassion», face à ces attaques, ont exprimé leur «condamnation ferme» des violences intercommunautaire à Toeni, à Yirgou et dans d’autres localités.
Début janvier, à la suite d’une attaque contre leur village, Yirgou, au nord, qui a fait sept morts dont le chef de village, des populations en furie ont mené des représailles contre la communauté peulh qui y vit. Au cours de cette opération punitive, 70 personnes ont été tuées. Des milliers de personnes de toutes les communautés ont manifesté à Ouagadougou, le 13 janvier, pour protester contre ce massacre visant l’ethnie des peulhs.
Ce qui s’est passé à Yirgou est «sans précédent dans l’histoire de notre cher pays. C’est révélateur d’un tissu social devenu fragile, nonobstant la légendaire tradition d’un vivre ensemble heureux sans distinction aucune entre toutes les composantes de la nation burkinabè», soulignent les évêques. Ils ont rappelé le caractère sacré de la vie humaine, dont «aucune raison ne peut justifier la destruction».
«Nous lançons un appel à tous et à chacun pour que soient sauvegardées, pendant qu’il est encore temps, les valeurs humaines inaliénables de fraternité, d’entente, de solidarité, de pardon, de paix et d’amour mutuel en vue de préserver la cohésion sociale sans laquelle aucun développement n’est possible», ont-ils encore fait remarquer. Et de lancer un appel aux autorités du pays «afin que toute la lumière soit faite pour situer les responsabilités et que justice soit rendue aux victimes». (cath.ch/ibc/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse