Après s’être exprimé devant les autorités du Panama réunies dans le palais Bolivar, le pontife s’est dirigé à pied vers l’église Saint-François-d’Assise, distante d’une vingtaine de mètres seulement. Il y a été accueilli par Mgr José Domingo Ulloa Mendieta, archevêque de Panama, et par Mgr José Luis Escobar Alas, président du Secrétariat épiscopal d’Amérique centrale.
Dans sa longue intervention, le successeur de Pierre a rappelé la figure de saint Oscar Romero, archevêque de San Salvador (El Salvador) de 1977 à son assassinat en 1980 et canonisé en octobre 2018. Il est une «source permanente d’inspiration», a estimé le pape, un «témoignage actif et vivifiant». Rappeler ce saint, c’est «invoquer la sainteté et le caractère prophétique qui vit dans l’ADN» des communautés catholiques d’Amérique centrale.
Saint Oscar Romero, a-t-il rappelé dans une mise au point salutaire, ne fut «ni idéologue ni idéologique». Pour puiser la force de se donner jusqu’au martyre, le Salvadorien a appris à «sentir» ses ouailles, pour y «respirer et découvrir à travers lui la volonté de Dieu». Comme lui, a exhorté le pape, «n’ayons pas peur de toucher et de nous approcher des blessures de notre peuple». A l’image de la kénose du Christ – c’est-à-dire le dépouillement du Christ – «le pasteur ne peut rester éloigné de la souffrance de son peuple». Les évêques doivent ainsi «abandonner la virtualité», notamment des réseaux», pour mettre véritablement «le bruit et la rengaine des personnes réelles» au cœur de leurs priorités.
En particulier, les évêques doivent «valoriser, respecter, accompagner» les inquiétudes des jeunes et y lire les «signes des temps». A leur sujet, l’évêque de Rome a vivement dénoncé ceux qui font sombrer les jeunes dans «la culture de mort en leur vendant de la fumée et des solutions magiques». Devant le manque d’alternative, a-t-il poursuivi, nombreux sont les jeunes à être «douloureusement séduits par des réponses immédiates» qui au final brisent leur vie. Tant de foyers, a-t-il asséné, ont été brisés par un système économique «qui a fait de la spéculation son paradis d’où il continuer à s’engraisser, sans se soucier au dépens de qui».
Si le pape François a demandé aux évêques de développer leur proximité avec les jeunes, ils doivent aussi le faire avec les prêtres de leurs diocèses. «Nos agendas épiscopaux [doivent] avoir de l’espace pour recevoir, accompagner et soutenir nos prêtres», a-t-il plaidé. D’autant que ceux-ci «portent sur leurs épaules le poids» du quotidien. L’évêque doit donc toujours garder une «capacité d’écouter», dans un «échange franc et respectueux». En particulier, lorsqu’il s’agit d’être pour les prêtres «une main tendue quand ils se sont enlisés». Sinon, le clergé risque de sombrer dans le «fonctionnalisme et le cléricalisme».
Parlant près d’une 45 minutes devant les évêques centro-américains, l’évêque de Rome les a également appelés à défendre la «dignité» de leurs peuples par la «fierté culturelle». «Elevez la voix contre la désertification culturelle et spirituelle de vos peuples» qui les menace de sombrer dans une «indigence radicale», a-t-il plaidé. Le pape a également évoqué les migrations – l’Amérique centrale est une forte terre d’émigration – en demandant de ne pas seulement «dénoncer» le manque d’accueil. Il faut annoncer une «bonne nouvelle», qui permette de «dépasser les peurs et les méfiances». Le pontife a notamment invité à lire l’ouvrage à ce sujet de Mgr Benoist de Sinety, vicaire général de Paris, Il faut que des voix s’élèvent.
Après ce discours, le pape doit retourner à la nonciature pour un déjeuner en privé. Il quittera le bâtiment aux alentours de 16h45 pour son premier événement avec les pèlerins participant aux JMJ, la cérémonie d’accueil et d’ouverture de la rencontre. Celle-ci doit se tenir à 17h le long de la côte Pacifique et débutera par un long tour de 6km en papamobile parmi les jeunes présents. (cath.ch/imedia/xln/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse