26 contre 3,8 milliards

Il est des rapports qui effraient. Tel celui produit par Oxfam, à l’ouverture du Forum de Davos. Comme chaque année, l’ONG à dimension internationale épingle les inégalités dans le monde. Résultat: 26 milliardaires dans le monde possédaient l’an dernier autant que 3,8 milliards d’autres humains (oui, autant que 3’800’000’000 personnes). C’est sidérant!

Selon le rapport, le nombre de milliardaires a presque doublé depuis la crise financière de 2008. Un nouveau milliardaire émerge tous les deux jours entre 2017 et 2018. Un abîme entre les plus riches et les plus pauvres. Du côté des plus démunis, Oxfam cite le cas d’une Vietnamienne couturière pour les grandes marques. Elle gagne, durant sa vie entière, autant que 11 jours de gain du PDG d’une des cinq grandes entreprises de la confection.

«C’est un signe que quelque chose ne fonctionne pas», souligne Oxfam. On le serait à moins. Car les plus fortunés deviennent de plus en plus riches, tandis que les plus pauvres sont exploités et restent enfermés dans la pauvreté.

«Le fossé qui se creuse n’est pas une fatalité»

Dire, c’est déjà protester. La dénonciation des inégalités met à jour notre besoin de justice sociale. Elle recèle aussi la nécessité d’une fiscalité juste, de la fin de l’évasion des capitaux, ainsi que la réduction des écarts de salaires dans les entreprises. Le pape François ne dit rien d’autre dans ses appels répétés en faveur des plus pauvres.

Et quand paraissent les chiffres, la photographie paraît encore plus sombre. Quand pourra-t-on inverser la courbe? Quand les ouvriers, hommes et femmes, recevront-ils un juste salaire? Quand la dignité humaine sera-t-elle mieux respectée? Bien des ONG militent pour d’autres modèles. Et les gilets jaunes français ont poussé, à leur manière, le cri de la base, des sans-grades.

Au niveau mondial, le fossé qui se creuse n’est pas une fatalité. Il est lié à nos modes de consommation, à la «culture du déchet», la formule choc du pape qui qualifie la tendance à déconsidérer la personne humaine, ramenée au statut de rebut. Si 26 super-riches valent, en termes de ressources, 3,8 milliards de personnes l’homme est blessé. Cela peut se guérir. Mais l’urgence est de mise.

Bernard Litzler

24 janvier 2019

Portail catholique suisse

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