JMJ: 16 rassemblements mondiaux au prisme des papes

De Jean Paul II, le créateur des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) en 1983, au pape François, trois chefs de l’Eglise catholique ont participé à ces rassemblements. Tout au long de 16 JMJ qu’ils ont marquées de leur empreinte, chacun des pontifes a encouragé à sa manière les jeunes dans leur foi.

L’une des grandes caractéristiques du pape Jean Paul II aura été sa relation avec les jeunes. Ainsi, dès la messe d’inauguration de son pontificat, le 22 octobre 1978, il qualifie la jeunesse comme «l’avenir du monde». Lors de l’année sainte de 1983, il organise, le jour du dimanche des Rameaux, un ›Jubilé international des jeunes’. Pas moins de 250’000 jeunes répondent à l’invitation, un chiffre au-delà de toute espérance. L’année suivante, ils sont 300’000. Les JMJ sont lancées.

Les premières véritables JMJ ont lieu dans un contexte de fin de Guerre froide. Le pape polonais veut inviter à la paix et à la reconstruction. En 1987, pour la première fois, les JMJ n’ont pas lieu à Rome, mais à Buenos Aires, en Argentine, un pays qui sort de sept ans de dictature. Une grande émotion parcourt la foule quand le pape apparaît sur l’avenue le long de laquelle les officiers du régime dictatorial avaient l’habitude de parader. Cette présence du pape et de la jeunesse ouvre un sentiment d’espérance pour cette Amérique du Sud fortement éprouvée.

Plus grande messe du monde

Deux ans plus tard, l’Espagne accueille les JMJ suivies encore deux ans plus tard, en 1991, de la Pologne. Le pays natal du chef de l’Eglise catholique sort tout juste d’un demi-siècle de domination soviétique. Dans la ville de Częstochowa, lieu du sanctuaire marial de la Vierge noire chère à tous les Polonais, Jean Paul II s’adresse à 1,6 million de jeunes.

Après Denver (Etats-Unis), Manille, la capitale des Philippines, accueille le rassemblement des jeunes du monde entier. Ces JMJ célébrées en janvier 1995 rassemblent 5 millions de personnes, et sont l’occasion de la plus grande messe de l’histoire. L’accent est cette fois porté sur la pauvreté, l’éducation et la communication. Le pape demande à ce qu’il n’y ait «plus de barrières» entre tous. Un appel lancé aux jeunes à partir en mission et à promouvoir la fraternité au-delà des frontières.

Les journées diocésaines

L’organisation des JMJ évolue, notamment lors de la rencontre à Paris, en 1997. L’archevêque de la capitale française, le cardinal Jean-Marie Lustiger, est chargé de la préparation, assisté d’un comité d’organisation dirigé par Mgr Michel Dubost. Les JMJ sont maintenant précédées des journées diocésaines pour permettre aux communautés locales de se préparer activement à la rencontre.

Trois jours avant la rencontre finale, un festival de la jeunesse est organisé, pour éviter que Paris ne concentre tout l’événement. Enfin, une grande place est laissée au volontariat, car pour le cardinal Lustiger, »il n’est pas question que les JMJ se professionnalisent». Encore une fois, la jeunesse est invitée à s’engager.

 La mort du pape et la question du maintien des JMJ

Jusqu’au rendez-vous de Paris, les rassemblements mondiaux avaient lieu tous les deux ans, il faut attendre trois ans pour les JMJ suivantes. Celles-ci se tiennent à Rome dans le cadre du Grand Jubilé de l’an 2000. Plus de deux millions de jeunes pèlerins font le déplacement. En 2003, le premier pape polonais de l’histoire traverse une dernière fois l’Atlantique pour retrouver les jeunes du monde à Toronto, au Canada.

Le rassemblement suivant est prévu pour l’été 2005 à Cologne, en Allemagne. Mais quelques mois avant, son état de santé de Jean Paul II se détériore. Celui qui a tant fait pour les jeunes est acclamé par ceux-ci, massés en nombre sous sa fenêtre du Palais apostolique pour prier pour ›leur’ pape. Entendant les bruits de la foule depuis sa chambre, sa dernière phrase sera pour les milliers de jeunes venus l’assister sur la place Saint-Pierre: «Je vous ai cherchés et maintenant, vous êtes venus à moi et je vous en remercie». Le Souverain pontife décède le 2 avril.

Benoît XVI maintiendra-t-il les JMJ?

L’élection de Benoît XVI apporte une question: le nouveau chef de l’Eglise catholique va-t-il maintenir les JMJ? Beaucoup pensent que non. Pourtant, le successeur de Pierre récemment élu n’hésite pas à se rendre à Cologne. Il poursuit même l’expérience les années suivantes: en 2008 à Sydney et en 2011 à Madrid. Les jeunes observent un pape plus réservé qu’un Jean Paul II.

Mais derrière ces premières apparences, Benoît XVI sait aussi s’adresser à la jeunesse et la convaincre. Il met l’adoration eucharistique au centre de la veillée du samedi soir, et les temps de silence prennent de plus en plus de place dans la spiritualité de ces journées mondiales. Pour de nombreux jeunes catholiques, l’adoration en silence au milieu de centaines de milliers de personnes à genoux lors des JMJ de Madrid reste un moment-clef de leur vie de foi. De plus, un renouvellement de génération est observé, avec un âge moyen de 22 ans. Le pape théologien réussit son pari auprès des jeunes, tout comme son prédécesseur, sans pour autant se contenter de l’imiter.

«Soyez révolutionnaires!»

Attaché aux jeunes et aux JMJ, Benoît XVI craint que sa santé ne lui permette d’assister au rassemblement de 2013, organisé à Rio de Janeiro, au Brésil. En partie pour assurer aux jeunes d’avoir le pape à leurs côtés, il annonce sa renonciation au pontificat le 11 février. L’arrivée au trône de Pierre d’un Latino-Américain, le pape François, ne remet pas en cause les JMJ.

Très à l’aise devant les médias, le pape argentin sait parler aux jeunes, qu’il veut envoyer en mission. Après un pape-professeur, la jeunesse du monde découvre un évêque de Rome qui a le secret de la formule-choc: la jeunesse de «canapé», ceux qui «restent au balcon», «soyez révolutionnaires!»…

Quelque trois ans plus tard, François retrouve trois millions de jeunes à Cracovie. A la fin de ce rassemblement, il annonce que pour la première fois, l’édition suivante se tiendra en Amérique centrale. (cath.ch/imedia/xf/xln/bh)

Bernard Hallet

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