La Commission Ecclesia Dei avait été créée par un motu proprio du même nom signé par le pape Jean Paul II le 2 juillet 1988, soit deux jours après l’ordination de quatre évêques par Mgr Marcel Lefebvre, fondateur de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX) sans mandat de Rome.
Elle avait pour mission de «collaborer avec les évêques, les dicastères de la Curie romaine et les milieux intéressés» pour permettre aux prêtres et communautés «ayant eu des liens» avec la FSSPX de rester unis à Rome tout en «conservant leurs traditions spirituelles et liturgiques».
Par ce nouveau motu proprio signé le 17 janvier par le pape François, les tâches de la commission sont désormais «intégralement attribuées à la Congrégation pour la doctrine de la foi», explique le communiqué du Saint-Siège. Au sein de cette dernière sera instituée une section spéciale afin de «poursuivre le travail de vigilance, de promotion et de protection» mené jusqu’alors par Ecclesia Dei.
«Les conditions et les circonstances changent, mais le dialogue se poursuit avec la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X» et avec ceux qui avaient suivi son fondateur «en adhérant à sa proposition spirituelle et liturgique», explique par ailleurs un article de L’Osservatore Romano du 19 janvier relayé le même jour par le Saint-Siège. A présent, est-il indiqué, «le cœur de ce dialogue est constitué de questions à prédominance doctrinale».
Plus qu’une simple suppression, ce nouveau motu proprio consiste en un «transfert de pouvoirs», affirme encore le quotidien du Vatican. Cela révèle que «des progrès ont été réalisés dans la communion», est-il précisé, et que ce motu proprio offre une «reconnaissance implicite à la Commission pontificale qui s’est acquittée de sa tâche avec ses efforts et son activité».
Par ailleurs, dans un second motu proprio publié le même jour, le pape François a nommé Mgr Guido Pozzo, jusqu’ici secrétaire de la Commission Ecclesia Dei, surintendant à l’économie de la Chapelle musicale pontificale. Il aura ainsi pour tâche l’administration économique de la chapelle, sous la direction du maître des célébrations et chef de la Chapelle.
Plusieurs communautés – dites ‘traditionalistes’ – dépendaient ainsi de la Commission Ecclesia Dei comme la Fraternité Saint-Pierre, l’Institut du Christ-Roi, ou encore les abbayes françaises du Barroux ou de Fontgombault. La plupart de ces communautés sont ou françaises ou historiquement liées à la France. Les Etats-Unis et l’Australie sont deux autres pays dont des communautés étaient également concernées.
Le 2 juillet 2009, soit 21 ans jour pour jour après le motu proprio de Jean Paul II, son successeur Benoît XVI réorganise la commission par son motu proprio Ecclesiae unitatem. Ce document vient rattacher «de manière plus étroite» la commission à la Congrégation pour la doctrine de la foi. En effet, estimait alors le pape allemand, après la libéralisation de la forme extraordinaire du rite romain en 2007 puis la levée de l’excommunication des évêques ordonnés par Mgr Lefebvre, les problématiques entre Rome et la FSSPX étaient de «nature essentiellement doctrinale». Ce motu proprio stipulait notamment que le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi était également président d’Ecclesia Dei.
Suite à cette décision du pape Benoît XVI, la commission a ainsi été chargée des discussions doctrinales avec la FSSPX entre 2009 et 2011. Ces discussions avaient abouti à un préambule doctrinal soumis par le Saint-Siège avec Ecône, siège de la Fraternité, qui ne l’a jamais accepté. En juillet dernier, après une rencontre entre son nouveau supérieur, l’abbé Davide Pagliarani, et le cardinal Luis Ladaria Ferrer, la FSSPX avait même estimé qu’existait une «divergence doctrinale irréductible». (cath.ch/imedia/xln/pad/pp)
Pierre Pistoletti
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