«Après avoir canonisé les papes, il est bon de revenir au petit peuple de Dieu», se réjouit Martial Python, curé à Romont et biographe de Marguerite. Pour l’heure, la date de la canonisation n’est pas encore fixée, mais elle aura lieu cet automne à Rome, vraisemblablement avec deux ou trois autres nouveaux saints. Il y aura bien sûr des célébrations à Siviriez et l’église du village devrait désormais lui être consacrée, mais là encore les détails ne son pas fixés.
La Congrégation pour les causes des saints a promulgué le 15 janvier un décret reconnaissant un miracle attribué à l’intercession de Marguerite Bays. Ce miracle concerne une fillette de deux ans. Tombée sous les roues d’un tracteur, elle s’est relevée indemme, après avoir été écrasée par le lourd engin agricole. Témoin de l’accident, son grand-père avait invoqué la protection de ‘Goton de la Pierraz’. «Le dossier diocésain, transmis à Rome en 2014, a été étudié par une commission médicale qui a conclu au caractère inexplicable de cette protection», précise l’abbé Python.
Pour la canonisation, il n’était pas nécessaire de reprendre l’examen de la vie de la personne puisque cela avait déjà été fait pour la béatification de Marguerite, célébrée en 1995. Outre un nouveau miracle, Rome examine aussi le rayonnement de la future sainte qui doit dépasser le cadre local ou régional. «C’est bien le cas de Marguerite Bays autour de laquelle j’ai présenté des conférences en Belgique, à Lisieux ou encore au Canada», témoigne Martial Python. Assez souvent, on la rapproche de Marthe Robin (1902-1981), un autre stigmatisée.»
En canonisant la bienheureuse de La Pierraz, on honore évidemment sa sainteté, mais on reconnaît aussi la sainteté ordinaire des gens simples dans leur vie quotidienne. «Femme de la campagne, humble couturière à domicile, Marguerite n’a pas accompli des choses extraordinaires. Mais elle est une géante de la sainteté, marquée par les stigmates du Christ, comme saint François d’Assise», note l’abbé Python.
Fille du XIXe siècle, dans une campagne fribourgeoise marquée par la pauvreté, Marguerite Bays reste un exemple pour notre époque. Elle porte une grande attention aux pauvres, aux orphelins, aux domestiques. Elle les habille et les nourrit. Même si elle n’a laissé aucun écrit, elle est une femme instruite qui lit la Bible et les évangiles et connaît les encycliques des papes. Beaucoup de gens, y compris des ecclésiastiques, viennent solliciter ses conseils. «Sa famille et son milieu social n’ont rien d’exemplaire. Elle y rencontre: disputes, querelles, divorces, alcoolisme, abus, infidélité, enfants illégitimes et familles recomposées comme on dirait aujourd’hui. Marguerite ne juge pas, ne fait pas la morale, mais elle aide et soutient.»
«Mais il ne faudrait pas oublier sa vie mystique», souligne Martial Python. Pour lui, elle est digne d’une Thérèse d’Avila. «Son union à Dieu et au Christ fut si forte qu’elle s’est manifestée dans la stigmates qui en sont comme le sceau.» (cath.ch)
Maurice Page
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