«Plus que jamais, un effort collectif du plus grand nombre est nécessaire pour résoudre les nombreux problèmes auquel le pays est confronté. Mais il faut choisir des priorités», a affirmé le prélat. Et pour choisir, il faut se demander quels sont nos problèmes les plus importants? Quels sont ceux qui ont les plus grandes conséquences? Quelles initiatives doivent être prises pour s’attaquer aux causes des problèmes? Si l’on ne se pose pas ces questions, on risque de s’éloigner de l’essentiel.»
Dans l’article, l’archevêque de Salvador s’inquiète de la place grandissante que prend le débat sur le droit pour chaque citoyen de porter une arme. Le thème est, il est vrai, largement défendu par le nouveau président, Jair Bolsonaro. Au cours de sa campagne électorale, l’ex-militaire, a ainsi promis de donner «aux citoyens de bien» le droit de se défendre avec une arme à feu. Quitte à révoquer ou assouplir l’actuel «Statut de désarmement». Ce texte de loi, datant de 2003, autorise uniquement les policiers les agents de sécurités privés et les pratiquants de tir sportif à détenir une arme. Si le nouveau projet de loi est adopté au 1er semestre 2019, comme le promet le président, tout brésilien, dès l’âge de 21 ans (n.d.l.r. 25 ans actuellement) pourra posséder une arme à son domicile au nom de «la défense du patrimoine».
Évoquant ce projet de loi, Mgr Murillo Krieger a d’abord rappelé que si le texte actuel comportait des restrictions sur la possession d’armes, il incluait également des articles très contraignants concernant le crime de port d’armes illégal ainsi que sur le commerce et le trafic d’armes international d’armes à feu. Des armes qui finiraient notamment entre les mains des trafiquants de drogue, responsables désignés de la violence au Brésil, et justifiant aux yeux des pro-armes, l’adoption d’un texte permettant le port d’armes.
«Donc le problème, concernant les armes est moins la faiblesse supposée de la loi actuellement en vigueur, que la difficulté de son application», souligne l’évêque, qui dénonce «l’impunité entourant la non application de cette loi et qui constitue un ‘cancer’ causant de nombreux dommages», au pays.
Concernant l’argument sur la capacité de tout porteur d’arme à réagir par «légitime défense», Mgr Murillo Krieger rappelle que selon les propres statistiques de la police, le fait de se défendre à une attaque par arme à feu multiplie par 180 les possibilités de succomber. «La question est grave, assure le prélat. Et elle doit être amplement débattue et ce, par toute la société». (cath.ch/jcg/rz)
Raphaël Zbinden
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