Originaire d’Enney, en Gruyère, Didier Grandjean est arrivé au Vatican en 2011. Paysagiste de formation, il est aujourd’hui vice-caporal et adjoint au porte-parole de la Garde suisse. La mission principale de ce quadrilingue est de gérer l’image de la plus petite armée du monde, en entretenant les relations avec les médias et sur les réseaux sociaux. Lors de la venue du pape à Genève en juin 2018, il était notamment dans les studios de la Radio Télévision Suisse pour commenter l’arrivée de François en Suisse.
«Nous ne pouvons malheureusement pas être très réactifs au niveau de la communication, car nous devons également accomplir notre devoir de surveillance», explique Didier Grandjean au quotidien La Gruyère. Comme tous les autres gardes, le Gruérien de 29 ans doit assurer la sécurité du pape plusieurs jours par semaine. Posté régulièrement devant l’appartement du Saint-Père, il peut entretenir un contact régulier avec l’ancien archevêque de Buenos Aires, qu’il décrit comme «un homme très simple, qui instaure toujours un petit dialogue».
«François est le premier pape à habiter dans la Résidence Sainte-Marthe, à côté de la basilique Saint-Pierre. Il n’a pas voulu, comme ses prédécesseurs, investir le palais du Vatican. Du coup, la gestion de la sécurité est plus complexe». Une complexité accrue avec les menaces terroristes. «Lorsque je suis arrivé en 2011, nous effectuions moins de surveillance. Un plan militaire a été instauré après les attentats de Paris en 2015 et la gendarmerie italienne est en contact régulier avec Interpol. Toutes les informations nous sont ensuite transmises».
Le charisme de François oblige également à davantage de vigilance. «Avec le pape François, nous devons davantage gérer le surplus d’affection des gens qui sortent des allées pour tenter de l’embrasser. Et lui-même s’arrête parfois sans prévenir pour rencontrer les fidèles».
La durée minimale du séjour d’un garde au Vatican est de vingt-six mois. Didier Grandjean y a déjà passé plus de sept ans. Si son grade lui permet aujourd’hui de bénéficier d’une chambre individuelle dans la caserne, le Gruérien vit sans luxe. Il prend ses repas en commun et partage les sanitaires.
Une vie militaire qu’il n’a jamais regrettée. «J’ai découvert ce que signifiait la fraternité. Entre les gardes règne la camaraderie. J’officie dans un contexte international qui m’a permis de m’ouvrir au monde. Avant, je ne connaissais pas grand-chose à part Enney. Grâce à ce travail, j’ai croisé de nombreuses personnalités, comme Merkel, Obama, Trump, Hollande, Macron ou les présidents suisses. Les responsabilités sont grandes. On doit savoir ce qu’on fait, être sûr de soi. Personnellement, cette aventure m’a changé. Elle m’a permis de prendre confiance en moi», confie Didier Grandjean à La Gruyère.
Créée en 1506 par le pape Jules II, la Garde suisse est composée d’hommes suisses, catholiques, qui ont terminé leur école de recrues ainsi qu’une formation professionnelle. Vêtus de leur traditionnel uniforme tricolore, ils font partie du décor du Vatican. «Malgré son côté traditionnel, la garde pontificale est à jour au niveau des technologies, précise Didier Grandjean. L’uniforme complet est surtout utilisé pour le service d’honneur. En coulisses, la plupart assurent la sécurité en civil, avec une arme.»
La Garde suisse va s’agrandir «Une nouvelle caserne va être construite, les effectifs vont prochainement augmenter et nous accompagnons désormais le pape lors de ses voyages en Italie. «Cela va être difficile de recruter plus de 110 personnes à l’avenir. Mais nous essayons de convaincre nos futurs camarades grâce à une plus importante présence sur les réseaux sociaux en partageant notre quotidien et en publiant des vidéos promotionnelles». (cath.ch/lagruyere/gr)
Grégory Roth
Portail catholique suisse
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