Le nouveau président du Brésil a repris, le 7 janvier, sur son compte Twitter personnel une vidéo du père Paulo Ricardo de Azevedo, prêtre à Cuiaba, capitale du Mato Grosso, un Etat situé à l’ouest du pays, près de la frontière bolivienne. Dans ce face caméra de près de 25 minutes, publié en… 2011, le religieux connu pour ses positions extrêmement conservatrices, affirmait notamment que «l’Église catholique est pacifique et non pacifiste» et que «les catholiques ont le droit à la légitime défense» et peuvent donc, à ce titre, opter pour l’usage d’armes.
Le Père Paulo Ricardo, appelle à ne pas se laisser influencer par une idéologie pacifiste et par un sentiment de culpabilité. «Qu’est-ce qu’un homicide ? Que signifie, tuer une personne?», interroge t-il. «C’est ôter la vie d’un innocent. Le pêché d’homicide, c’est çà. Mais dans ce cas précis, il n’est pas question d’ôter la vie d’un innocent, mais la vie d’un agresseur. La légitime défense est chrétienne, elle est morale, parfaite».
Le Père Ricardo avait enregistré cette vidéo une semaine après le «massacre de Realengo», le 9 avril 2011. Ce jour-là, un ex-élève d’une école primaire municipale de Rio de Janeiro, était retourné, dans son ancien établissement. Il y avait tué 12 élèves, à l’aide de deux pistolets achetés très facilement. Ce sanglant fait-divers avait soulevé le débat dans l’opinion publique sur la possibilité, d’organiser un référendum sur la levée de l’interdiction du commerce des armes et des munitions. Un débat resté sans suite.
Avec, aujourd’hui, plus d’un million de followers sur son compte Facebook et 514’000 inscrits sur son compte Youtube, le Père Ricardo est connu pour ses discours contre la gauche et le communisme. Il avait adressé des critiques publiques aux gouvernements successifs de l’ex-présidente Dilma Rousseff (2011-2016) et à certains secteurs brésiliens du clergé. Il a également souvent fait la promotion de l’œuvre d’Olavo de Carvalho, professeur de philosophie, considéré par ses détracteurs comme une caricature d’extrême droite et du néo conservatisme au Brésil.
La publication de cette vidéo intervient quelques jours seulement après la réaffirmation par président Bolsonaro d’une de ses promesses de campagne, visant à libéraliser le port d’armes dans le pays.
Un autre prêtre de l’Église catholique s’est distingué récemment sur ce thème de l’usage d’armes à feu. D’après le quotidien O Globo, qui publie une photo sur son site, le Père Edvaldo Betioli, prêtre de l’église São João Batista, situé à São Paulo, au sud du Brésil, a en effet participé à un entraînement de tir dans un centre d’Atibaia, une petite ville au cœur de l’Etat de São Paulo.
Son instructeur, figurant également sur la photo, se présente comme un «spécialiste en sécurité» et, rappelle le journal, «agit pour la défense du courant politique du président Bolsonaro sur les réseaux sociaux». Pour le prêtre, il n’y a cependant pas de problème. «Je n’ai pas été à l’encontre de l’Église catholique en me rendant à un cours de tir. Je me suis rendu dans un lieu réglementé et avec un objectif sportif. Je n’ai rien fait de défendu par l’Église». (cath.ch/jcg/mp)
Maurice Page
Portail catholique suisse
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