Expulsion du Guatemala de la mission anticorruption de l'ONU: Mgr Ramazzini dénonce

La décision unilatérale du président guatémaltèque Jimmy Morales de mettre fin au mandat de la mission de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG), est «contraire à la Constitution et au droit international», a dénoncé le 9 janvier 2019 Mgr Alvaro Ramazzini.

L’évêque de Huehuetenango, dans la région montagneuse nord-occidentale du Guatemala, s’est dit «préoccupé» par la décision du président Jimmy Morales d’expulser la CICIG. Il considère cette mesure comme «contraire aux normes constitutionnelles et aux principes et normes du droit international».

Le président Jimmy Morales soupçonné de fraude

Connu pour son combat en faveur des pauvres et des marginalisés, Mgr Alvaro Ramazzini est depuis de nombreuses années la cible de nombreuses tentatives d’intimidation et de menaces de mort.

La prise de position de Mgr Ramazzini était publiée au moment même où la Cour constitutionnelle bloquait la décision du président guatémaltèque. La CICIG s’intéresserait de trop près aux comptes de la campagne électorale 2015 de Jimmy Morales. La mission onusienne enquête depuis 2016 sur les accusations de fraude fiscale et de blanchiment d’argent qui visent le frère du président et son fils. La CICIG et le bureau du procureur avaient demandé la levée de l’immunité du président Morales pour enquêter sur les soupçons de financement illicite de sa campagne électorale.

L’indépendance des autorités judiciaires doit être garantie

Selon Mgr Ramazzini, ce choix «sape l’état de droit et compromet le respect dû aux lois du pays. En même temps, elle freine le processus entamé et les décisions convenues dans les accords de paix», y compris «le défi de désarticuler les organes criminels au sein de l’Etat et la lutte urgente contre la corruption et l’impunité au Guatemala».

C’est pourquoi l’évêque de Huehuetenango invite les Guatémaltèques à «ne pas se laisser manipuler et à être des bâtisseurs de paix, en évitant tout affrontement qui compromettrait la paix et l’harmonie entre les citoyens» et exprime l’espoir que l’arrêt de la Cour constitutionnelle sera respecté. Il demande également que «la sécurité et l’indépendance» soient garanties aux autorités judiciaires et que «le plein exercice des droits et libertés» soit garanti dans le pays.

Dans un message publié à l’occasion de la nouvelle année, les évêques du Guatemala avaient interpellé les fidèles à propos de leur responsabilité en tant que citoyens. Les Guatémaltèques vivront en effet un scrutin important le 16 juin prochain: les élections générales, qui permettront d’élire le président du pays et le Congrès. Devant «l’évidente polarisation idéologique» qui divise ce pays d’Amérique centrale, les évêques guatémaltèques tiennent à rappeler que «ce qui est vraiment important est la recherche du bien commun du pays et de ses habitants». (cath.ch/sir/be)

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Jacques Berset

Portail catholique suisse

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