L’issue du procès Barbarin est moins important que sa portée symbolique. La partie civile, constituée d’anciennes victimes du Père Preynat, ne s’en cache d’ailleurs pas: «Gagner n’est pas notre préoccupation première. Nous voulons avant tout porter le débat de la non-dénonciation publiquement», confiait au Monde François Devaux, président de l’association La Parole Libérée.
Pour les anciennes victimes, il s’agit d’en faire le levier d’une réforme, celle de la gestion des abus sexuels dans l’Eglise. Force est de constater que les victimes sont les premiers protagonistes de cet aggiornamento. En France, en Irlande, aux Etats-Unis et même à Rome, leur mobilisation a été déterminante.
La grâce a toujours jailli d’où on ne l’attendait pas.
La Suisse romande n’échappe pas à la règle. En 2010, d’anciennes victimes se regroupaient en association et résumaient leur engagement en trois mots: reconnaissance, réparation et prévention.
Parmi leurs revendications, la création d’une entité d’accueil, d’accompagnement et d’indemnisation des personnes dont l’abus est juridiquement prescrit. Elles ont remué ciel et terre dans ce but, sollicitant la Conférence des évêques suisses et le Parlement fédéral.
Cinq ans plus tard naissait la CECAR, qui accompagne et indemnise les victimes en puisant dans un fonds constitué par l’Eglise. Si son indépendance est encore à parfaire, il faut reconnaître que cette entité a contribué à apaiser une situation tendue. Elle constitue ainsi une réponse de l’Eglise qui rejoint – enfin – les attentes d’hommes et de femmes qui ont souffert de la perversion de certains prêtres.
La grâce a toujours jailli d’où on ne l’attendait pas. La Bible est truffée de personnages étonnants, dont on ne se doutait pas qu’ils allaient devenir les acteurs principaux de l’histoire du salut. 2000 ans plus tard, la pédagogie divine ne change pas. Mais elle continue d’étonner.
Pierre Pistoletti | 8 janvier 2018
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