La paix, explique le pontife, est au «cœur de la mission» des chrétiens. Mais celle-ci, définit-il en paraphrasant l’écrivain français Charles Péguy, est une «fleur fragile qui cherche à s’épanouir au milieu des pierres de la violence». C’est donc un défi qui demande une «conversion du cœur et de l’âme». La paix est ainsi le résultat d’un «grand projet politique». Le message est d’ailleurs intitulé: ‘la bonne politique est au service de la paix’.
Pour être une forme éminente de charité, enseigne le successeur de Pierre, la politique doit œuvrer pour le bien de la famille humaine, dans le respect d’un certain nombre de valeurs: justice, équité, respect, sincérité, honnêteté et fidélité. Ainsi, la bonne politique a confiance dans les charismes et capacités de chacun. C’est donc un dialogue loyal qui libère des «énergies nouvelles». En particulier, la bonne politique doit être un encouragement des jeunes talents et des vocations.
A l’inverse, le pape n’omet pas les «vices» de la politique. Ceux-ci, estime-t-il, peuvent être liés à une «inaptitude personnelle» ou à des «déformations» dans les institutions ou dans l’entourage de la personne de pouvoir. «Honte de la vie publique», accuse l’évêque de Rome, ces vices ruinent la crédibilité des institutions et affaiblissent l’idéal démocratique. Parmi les vices cités, se trouvent notamment la corruption, le racisme et la xénophobie, l’arbitraire, la surexploitation des ressources ou encore le maintien exagéré au pouvoir.
L’époque actuelle, constate le pape, semble se caractériser par un «climat de méfiance», né d’une peur de l’autre et de l’angoisse de perdre des avantages. Malheureusement, plutôt que d’être des «artisans de paix», les responsables politiques offrent parfois des réponses «de fermeture ou des nationalismes». Ceux-ci, assène le pontife, s’opposent à la fraternité nécessaire dans un monde mondialisé. En particulier, affirme-t-il avec force, «les discours politiques qui tendent à accuser les migrants de tous les maux et à priver les pauvres de l’espérance ne sont pas justifiables».
Dans son message, le pape argentin s’attache également à dénoncer les conflits et «la stratégie de la peur». La paix, souligne-t-il, n’est jamais un «équilibre des forces et de la peur». Adopter cette stratégie est selon lui refuser la dignité de l’autre. Sont ainsi contraires à la morale tant l’intimidation que la prolifération des armes. D’autant plus que cent ans après la fin de la Première Guerre mondiale «nous connaissons la terrible leçon des guerres fratricides». (cath.ch/imedia/xln/rz)
Les huit «béatitudes du politique» selon le cardinal François-Xavier Nguyen Van Thuan
Dans son message, le pape François cite trois de ses prédécesseurs- Benoît XVI, Paul VI et Jean XXIII – ainsi que le français Charles Péguy et le cardinal vietnamien Van Thuan (1928-2002). Ce «témoin fidèle de «l’Evangile», explique le pontife, a établi une liste des béatitudes du politique» :
Heureux le politicien qui a une haute idée et une profonde conscience de son rôle.
Heureux le politicien dont la personne reflète la crédibilité.
Heureux le politicien qui travaille pour le bien commun et non pour son propre intérêt.
Heureux le politicien qui reste fidèlement cohérent.
Heureux le politicien qui réalise l’unité.
Heureux le politicien qui s’engage dans la réalisation d’un changement radical.
Heureux le politicien qui sait écouter.
Heureux le politicien qui n’a pas peur.
Raphaël Zbinden
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