«L’homosexualité est une pratique grotesque», affirment les leaders religieux dans une déclaration publiée le 14 décembre 2018 sur le site de l’Association des membres des conférences épiscopales d’Afrique de l’est (AMECEA). Le texte assure que «toutes les saintes Ecritures rejettent l’homosexualité. Elles reconnaissent le droit d’un homme ou d’une femme d’avoir une famille, de se marier avec le sexe opposé». Le texte a été publié par le CPIT à l’occasion du 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. L’association comprend la Conférence épiscopale de Tanzanie (CET-catholique), la Conférence islamique de Tanzanie (BAKWATA), et la Communauté chrétienne de Tanzanie (CCT-protestants).
Les dirigeants religieux réitèrent leur non acceptation de l’homosexualité. «Le mariage est la plate-forme de promotion de la dignité humaine. Comment accepter un mariage qui n’est pas ouvert à la procréation?» Le Père Charles Kitima, secrétaire général du CET, relève que «dans toutes les sociétés, les questions relatives aux droits de l’homme sont principalement liées aux traditions et aux coutumes. La controverse sur le mariage homosexuel devient de plus en plus une lutte déterminante dans les guerres culturelles de notre temps».
L’imam Cheikh Issa Athuman Issa, membre de BAKWATA, rappelle que le corps humain est «un don de Dieu», et que les droits de l’homme doivent être respectés «dans une perspective spirituelle». Il appelle les chefs religieux à veiller à ce que les jeunes reconnaissent leurs valeurs culturelles et religieuses.
Un autre membre de BAKWATA, Cheikh Hamis Mtupa, fustige les relations homosexuelles, qualifiées «d’immorales». «Il y a d’autres choses qui sont considérées comme des droits de l’homme, a-t-il affirmé. Mais en réalité ces choses ne font que porter atteinte à la dignité humaine».
En Tanzanie, les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont considérées comme un crime, sanctionné de 30 ans de prison à la perpétuité. Les personnes homosexuelles sont ainsi forcées à la clandestinité.
Après son accession au pouvoir, en octobre 2015, le président John Magufuli a renforcé la répression des homosexuels. Il a mis en place une politique officielle encourageant la dénonciation des gays et des lesbiennes. Cette politique s’est illustrée par la fermeture des centres de santé spécialisés dans la lutte contre le sida, accusés par le gouvernement de promouvoir l’homosexualité.
Fin octobre 2018, Paul Makonda, gouverneur de la capitale Dar es Salam, un catholique pratiquant, a lancé une vaste campagne de traque des homosexuels.
Le Catéchisme de l’Eglise catholique rappelle qu’un «nombre non négligeable d’hommes et de femmes présente des tendances homosexuelles foncières. Cette propension, objectivement désordonnée, constitue pour la plupart d’entre eux une épreuve. Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste». (CEC, 2358) (cath.ch/ibc/com/rz)
Raphaël Zbinden
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