«Effectivement des violences ont perturbé la campagne électorale, il y a même eu des morts à Lubumbashi, (province du Haut-Katanga). C’est regrettable. C’est une campagne très tendue et passionnée mais ces violences ne remettent pas fondamentalement en cause le processus électoral», indique l’abbé Nshole. Il relativise quelque peu les propos alarmistes de Michèle Bachelet, Haut-Commissaire aux droits de l’Homme, rapportés le 14 décembre dernier par le site d’information de l’ONU.
Il évoque le fanatisme de certains partisans, les propos très durs des candidats, les affiches arrachées. «Je ne crois pas que cela va dégénérer. Il y eu aussi les maladresses de la part de la police qui a voulu empêcher les supporters d’approcher leur candidat, déclenchant ainsi des émeutes». Le secrétaire général de la CENCO pointe aussi l’engouement inattendu pour des candidats de l’opposition, outsiders qui ont émergé au cours de la campagne.
Même s’il reste très prudent, l’abbé Nsholé se félicite de résultats tangibles obtenus par les évêques au cours de la campagne. Notamment en ce qui concerne les machines à voter autour desquelles un consensus, «le plus important», s’est finalement créé. «Elles seront utilisées uniquement pour identifier les électeurs et imprimer les bulletins de vote. Le scrutin se fera à l’urne, c’est une bonne chose. En cas de vote électronique, nous redoutions des manipulations possibles des résultats avec ces machines réputées peu fiables».
La question des observateurs de la commission «Justice et Paix» de la CENCO, encore en suspens en septembre, a trouvé une réponse positive. Les observateurs ont été accrédités par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et se déploient actuellement sur le territoire.
«Nos observateurs, formés de longue date, sont en train de former le personnel qui sera présent dans les bureaux de vote le 23 décembre», se félicite l’abbé Nsholé.
Il déplore cependant le refus des autorités d’accueillir des observateurs de la Communauté européenne. Seules des équipes de l’Union africaine ont été autorisées à assister au scrutin, mais l’inconnu demeure sur leur nombre et les lieux où ils vont intervenir.
Autre motif de satisfaction, le Projet d’éducation civique électorale mis sur pied par la CENCO et financé par le Canada a pu être mené à son terme. «Nous avons pu sensibiliser 16 millions de personnes grâce à ce programme. C’est à nos yeux l’un des projets les plus importants que nous avons lancés en vue des élections».
«La région du nord et du Sud-Kivu reste un sujet de préoccupation. Il y a encore des zones d’insécurité et récemment, une attaque, heureusement sans succès, a visé un dépôt de matériel électoral de la CENI dans la région. Il faut renforcer les mesures de sécurité». Le Kasaï en revanche est redevenu plus calme et le scrutin devrait s’y dérouler normalement, assure l’abbé Nsholé.
Le secrétaire général de la CENCO admet encore une grande inconnue: le dépouillement des votes. «La CENI prétend qu’elle pourra donner des résultats en 48 heures. Nous devrons donc attendre le 25 décembre pour avoir les premières estimations». Des résultats provisoires qu’il espère en adéquation avec le vote des Congolais, «faute de quoi, nous aurons tout perdu et ce serait la catastrophe». Il n’ose imaginer pareille scénario.
«Nous avons obtenu que nos observateurs aient accès à la compilation des résultats qui seront transmis à la CENI. Ils seront ainsi en mesure d’affirmer si les résultats sont conformes à ce qu’ils ont observé dans les bureaux de vote».
40 millions d’électeurs sont attendus aux urnes le 23 décembre prochain pour les élections présidentielles. Des élections législatives doivent se dérouler simultanément afin de renouveler les 500 membres de l’Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement de la République démocratique du Congo. De même, des élections provinciales ont lieu pour renouveler les 780 membres des 26 assemblées provinciales du pays.
Le scrutin a été plusieurs fois reporté, le président sortant Joseph Kabila s’accrochant à son fauteuil. Les évêques congolais avaient proposé sa médiation entre le pouvoir et l’opposition pour sauvegarder le processus électoral en faisant signer, fin 2016, l’accord dit de «La Saint-Sylvestre». (cath.ch/bh)
Bernard Hallet
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