Après quatre semaines de contestation parfois violente des «gilets jaunes», la Conférence des évêques de France a lancé, le 11 décembre 2018, un appel au dialogue et à la concertation pour sortir de la crise. Ils appellent les paroisses et les communautés à ouvrir des lieux d’échanges citoyens.
«À l’heure où nous écrivons, notre pays n’est pas encore sorti de la crise dite «des gilets jaunes»: crise révélatrice d’un malaise très profond et très ancien, qui engendre une grave défiance envers les responsables politiques», explique dans une déclaration le Conseil permanent de l’épiscopat.
Pour les évêques français, la sortie de crise sera difficile, car les enjeux ne sont pas seulement conjoncturels. «Il en va de notre capacité collective d’espérer et de bâtir l’avenir.» Dans une prise de position publiée en 2016, les évêques français écrivaient déjà: «Il faudrait être sourds ou aveugles pour ne pas nous rendre compte de la lassitude, des frustrations, parfois des peurs et même de la colère, intensifiées par les attentats et les agressions, qui habitent une part importante des habitants de notre pays, et qui expriment ainsi des attentes et de profonds désirs de changements. Il faudrait être indifférents et insensibles pour ne pas être touchés par les situations de précarité et d’exclusion que vivent beaucoup sur le territoire national».
Pour l’épiscopat, la démocratie française «manque de lieux d’échange et de réflexion qui pourraient permettre l’émergence à une large échelle de suggestions positives élaborées ensemble». L’affaiblissement des partis politiques et le recul de l’engagement syndical contribuent à ce déficit.
Pour y remédier, les évêques français proposent «de susciter, dans les semaines à venir, partout où ce sera possible, des groupes d’échanges et de propositions en invitant très largement d’autres personnes, partageant ou non notre foi, qui peuvent être intéressées d’y participer et d’y apporter leurs idées.»
L’Église catholique dispose en effet d’un maillage de milliers de paroisses, réparties sur l’ensemble du territoire et de multiples mouvements, aumôneries et associations de fidèles. Lieu de prière liturgique, la paroisse est aussi par nature et par vocation une «maison de famille fraternelle et accueillante», relève la déclaration épiscopale. Sans se substituer aux politiques, l’Église de France veut ainsi offrir un espace pour faire grandir la fraternité.
Concrètement, le Conseil permanent de l’épiscopat suggère cinq questions. La première vise à identifier et à hiérarchiser les causes principales du malaise actuel et des formes violentes qu’il a prises. La deuxième s’interroge sur les moyens qui pourraient permettre aux citoyens de se sentir davantage partie prenante des décisions politiques. Suit la question des lieux ou des corps intermédiaires qui favoriseraient cette participation. La quatrième question est celle du bien commun capable de fédérer tous les citoyens. Enfin la cinquième concerne les raisons d’espérer en l’avenir. Les réflexions issues de ces groupes pourraient être transmises aux élus locaux et aux évêques. (cath.ch/com/mp)
Maurice Page
Portail catholique suisse
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