Aujourd’hui âgé de 88 ans, Ivo Fürer a connu tous les changements vécus dans l’Eglise catholique, notamment le Concile Vatican II, le Synode des catholiques suisses en 1972 et la collaboration au sein du Conseil des Conférences épiscopales européennes (CCEE) dont il fut le secrétaire. Comme prêtre, puis comme évêque dès 1995, Ivo Fürer a rencontré et cotoyé d’innombrables personnalités d’Eglise, dans un grand nombre de pays sur divers continents. Il a également participé à de nombreux dialogues œcuméniques.
Les 150 pages de souvenirs d’Ivo Fürer, parues pour l’heure uniquement en allemand, débutent avec le Concile Vatican II. Ordonné prêtre en 1954, après des études à Innsbruck et à Rome, Ivo Fürer y accompagne son évêque Mgr Joseph Hasler pour la session d’ouverture, en novembre 1962. Lors de la session de 1964, il y rencontre un certain Joseph Ratzinger qui deviendra le pape Benoît XVI en 2005, mais aussi son frère ennemi Hans Küng.
De retour en Suisse, il s’interroge sur la manière de mettre en oeuvre les innovations conciliaires. Vicaire à Altstätten, il y fait ses premières expériences œcuméniques. En 1967, il est nommé vicaire épiscopal de St-Gall. Il a notamment la charge de s’occuper des dispenses nécessaires pour les mariages mixtes et met en place les premières structures de dialogue œcuméniques au plan diocésain et suisse.
Puis vient la grande démarche du synode des catholiques suisses dès 1972, dont Ivo Fürer sera un des artisans. A l’instar de ce qui s’est passé aux Pays-Bas, les catholiques des divers diocèses se réunissent pour débattre de la mise en œuvre du Concile Vatican II. La démarche commence par une vaste consultation de la base. 164’000 réponses parviennent dans les chancelleries des diocèses dont 16’000 pour St-Gall. Douze commissions thématiques interdiocésaines son créées. Enfin les sessions diocésaines, formés de délégués élus dans les paroisses, se réunissent dès septembre 1972. Elles s’étaleront sur trois ans à raison de deux semaines par année. Il en ressort une synthèse de plus de 500 pages. L’écho des médias et du public est important.
Le troisième grand chantier d’Ivo Fürer a été l’émergence et le développement du Conseil des Conférences épiscopales européennes (CCEE). Après le concile qui avait insisté sur la collégialité de l’Eglise, des évêques éprouvent le besoin de se réunir. En 1971, les représentants de 17 pays fondent le CCEE avec trois axes principaux, la collaboration entre évêques, les contacts œcuméniques et les relations entre Europe de l’Ouest et Europe de l’Est (alors sous le joug communiste ndlr). En 1977, Ivo Fürer en devient le secrétaire. C’est avec lui que le CCEE établit son siège à St-Gall. La Suisse avait été choisie pour sa neutralité. Durant ses presque vingt ans au secrétariat du CCEE, Ivo Fürer multiplie les rencontres et les contacts. Il vivra aussi la chute des régimes communistes à la fin des années 1980.
En 1995, s’ouvre la dernière étape de la carrière d’Ivo Fürer. Le chapitre du diocèse de St-Gall, qui possède encore ce privilège, l’élit comme évêque et le pape confirme cette élection le 29 mars 1995. Lors de son ordination, il est entouré d’une quarantaine d’évêque européens. Le récit des souvenirs d’Ivo Fürer n’englobe cependant pas son épiscopat. Il démissionne de sa charge le 17 septembre 2006.
Aujourd’hui diminué physiquement, Ivo Fürer garde toute son acuité intellectuelle. Preuve en est la parution conjointe d’un deuxième livre plus épais et plus spécialisé sur l’activité du CCEE entre 1971 et 1996. (cath.ch/mp)
Ivo Fürer: Kirche im Wandel der Zeit – Konzil, Synode 72 und die Zusammenarbeit der Bischöfe Europas, Zürich 2018,
Ivo Fürer: Die Entwicklung Europas fordert die Kirchen heraus: Die Tätigkeit des Rates der Europäischen Bischofskonferenzen (CCEE) von seiner Gründung 1971 bis 1996, Ostfildern 2018
Maurice Page
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