Le prêtre, âgé de plus de 80 ans, aurait commis des agressions sexuelles sur des mineurs il y a plus de 50 ans. L’évêque de LGF avait suspendu le prêtre de son ministère et transféré le cas à Rome pour une procédure canonique relevant de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
Cette dernière a levé la suspension au motif que, dans le cas d’un prêtre âgé, le délai de prescription (d’une durée de 20 ans, ndlr) pour les agressions sexuelles n’était pas levé. Le journal se réfère à un courriel que Mgr Morerod a envoyé aux victimes du prêtre pour les informer des suites de leur démarche.
Interrogé, Mgr Charles Morerod a confirmé le cas, mais sans entrer dans les détails, rappelant que la présomption d’innocence s’applique. Il a précisé: «Si un prêtre est accusé de diverses formes d’abus sexuels sur des mineurs, y compris des attouchements, je dois le suspendre jusqu’à la fin de la procédure canonique.»
La procédure canonique dépendait de Rome et non de Mgr Morerod, en tant qu’évêque local. La suspension était une mesure provisoire. Mgr Morerod n’a pas détaillé les arguments avancés par Rome pour justifier la levée de suspension du prêtre.
Néanmoins, l’évêque de LGF ne cache pas qu’en l’espèce toutes les parties concernées étaient mécontentes de la décision du Vatican. Selon le journal, le prêtre retraité rend toujours des services ponctuels.
Jacques Nuoffer, président du groupe de Soutien aux personnes abusées dans une relation d’autorité religieuse (Sapec), n’est pas au courant de l’affaire. Interpellé par kath.ch, il se montre très inquiet de la réaction du Vatican: «C’est ›horrible’ que la Congrégation pour la Doctrine de la Foi ne soutienne pas les évêques dans ce domaine».
Une telle décision, surtout en Europe, pourrait «décourager les responsables courageux. Cela vaut en particulier pour ceux, dans des pays dits en développement, qui hésitent déjà beaucoup à prendre des mesures actives contre les abus sexuels». (cath.ch/kath.ch/bh)
Des témoignages concordants
Le 20 juillet 2016, deux victimes et un témoin se sont entretenus avec le prêtre et Mgr Morerod à Fribourg. D’après le procès-verbal dont dispose le journal, une victime a rapporté des agressions en 1967 lors d’un camp scout en Italie. Elle avait 15 ans à l’époque. Il y a trente ans, il en avait déjà fait rapport à l’évêque de l’époque. La deuxième victime raconte avoir été harcelée par le même prêtre en 1970 alors qu’il n’avait que 11 ans et était élève au Collège St Michel de Fribourg.
Le prêtre a nié toutes les accusations. Mgr Morerod a annoncé une enquête et l’a cependant encouragé à voir un psychiatre qui pourrait débloquer sa mémoire. L’évêque de LGF croit les récits des victimes. Il a demandé à plusieurs reprises au prêtre comment il s’expliquait que ces personnes qui ne se connaissaient pas décrivaient des faits similaires.
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
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