L’Eglise apostolique arménienne n’est pas en effet une Eglise comme les autres. Elle se définit comme apostolique parce que ses origines remontent à saint Bartholomée et saint Jude Thaddée. Elle se considère par ailleurs autant catholique qu’orthodoxe.
Néanmoins cette Eglise n’est plus tellement éloignée de Rome sur le plan théologique. Jusqu’à peu, l’Eglise apostolique arménienne était qualifiée de monophysite, c’est-à-dire ne reconnaissant qu’une seule et unique nature à Jésus Christ. Et ce, car n’ayant pas participé au concile de Chalcédoine en 451, elle n’avait pas souscrit aux documents finaux. Il faut attendre finalement 1996, pour que saint Jean Paul II et le catholicos Karekin II se rencontrent et signent une déclaration rappelant les origines communes.
En pratique, la division ne concerne pas la théologie, mais surtout le primat pétrinien. Bien que la division sur la question du primat demeure ferme, le rapport entre les deux Eglises n’a pas cessé de se renforcer au cours des années. Saint Jean Paul II a ainsi rencontré une fois de plus le catholicos Karekin II, avant de se rendre lui-même en Arménie.
Depuis, les rapports sont continuels et ont donné un épisode remarquable quand le pape François a participé à la basilique Saint-Pierre à la liturgie pour les fidèles de rite arménien le 12 avril 2015. Le voyage du pontife argentin en Arménie en juin 2016 a donné par la suite le feu vert à une nouvelle ère d’amitié, culminant avec le don d’une statue de saint Grégoire de Narek au pape et à son installation dans les jardins du Vatican en avril dernier.
Le simple fait que le catholicos Karekin II ait été reçu par le pape François à deux reprises en 2018 permet de comprendre à quel point les rapports s’avèrent cordiaux. C’est dans ce parcours de dialogue que s’insère la nouvelle représentation de l’Eglise apostolique arménienne à Rome.
Le choix de l’archevêque Khajag Barsamian n’est pas non plus un hasard, puisqu’il s’était déjà illustré entre 1990 et 2018 – lorsqu’il était primat du diocèse de l’Eglise arménienne aux Etats-Unis – en se faisant l’artisan d’un riche dialogue avec les autres confessions chrétiennes. L’archevêque Barsamian a d’ores et déjà l’intention de lancer plusieurs projets d’échanges culturels entre séminaristes de l’Eglise apostolique arménienne et ceux de l’Eglise catholique. Des échanges sur le modèle de ceux qui sont en cours avec l’Eglise orthodoxe russe.
Sa nouvelle charge ne consiste pas seulement à représenter Etchmiadzin – nom du siège de l’Eglise apostolique arménienne –auprès du Saint-Siège, mais également à faire la liaison entre les communautés arméniennes d’Europe occidentale. Dans ce processus, sa présence donne plus d’impact au dialogue œcuménique.
Sa position est semblable à celle du directeur de l’Anglican Center, l’organisation œcuménique de l’Eglise anglicane appelée à améliorer les relations avec l’Eglise catholique, tout comme le Centre œcuménique méthodiste. Des initiatives particulièrement bien accueillies par le Saint-Siège qui espère que d’autres confessions suivront le même exemple en établissant leur propre représentation à Rome, et ainsi dialoguer avec le Saint-Siège de façon plus étroite. (cath.ch/imedia/ag/gr)
Grégory Roth
Portail catholique suisse
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