Dans leur déclaration finale publiée sur le site de la CET, les prélats ont souligné que ces deux groupes antagonistes (le pouvoir et l›opposition) utilisaient «inconsciemment ou à dessein» les populations. «Les uns et les autres se servent d’elles comme arme de conservation ou de conquête du pouvoir, à travers les marches de soutien et les manifestations de contestation souvent réprimées dans le sang», ont-ils dénoncé.
Les évêques togolais rappellent que, depuis des décennies, la lutte pour la liberté, la démocratie, l’alternance politique, ainsi que les processus de réconciliation dans le pays n’ont jamais abouti. La raison en serait «la mauvaise foi des acteurs politiques, plus soucieux de leurs intérêts personnels que du bien commun».
Faisant référence à la crise politique qui divise le pays depuis août 2017, ils ont indiqué que l’espoir suscité par l’implication de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) dans son règlement tournait à «la désillusion et à la déception».
La crise politique est née d’une revendication populaire réclamant le départ du pouvoir de Faure Gnassingbé, qui dirige le pays depuis 14 ans. Il a succédé à son père Gnassingbé Eyadéma à son décès, le 5 février 2005, après 38 ans de règne. Avant sa mort, Gnassingbé Eyadéma avait fait changer par le parlement la Constitution de 1992. Le texte limitait à deux le nombre de mandats présidentiels, d’une durée de cinq ans chacun. Le changement introduit lui permettait de se représenter à nouveau à une élection présidentielle.
L’opposition et la société civile réclament l’annulation de la modification constitutionnelle. Elles réclament aussi le droit, pour les Togolais de l’étranger, de participer aux élections. Ce que la loi exclut jusqu’à maintenant. Estimée à plus de deux millions de personnes, la diaspora togolaise contribue largement au PIB du pays à travers le transfert d’argent aux familles. Les adversaires du régime demandent aussi la fin de l’interminable règne de la famille Eyadéma, qu’ils qualifient de «dynastie».
En réponse, le pouvoir a proposé une nouvelle réforme constitutionnelle sur la limitation à deux des mandats présidentiels, qui n’inclurait pas ceux d’avant la réforme. Ce qui permettrait à Faure Gnassingbé de se représenter à la présidentielle de 2020.
Face à la dégradation de la crise, la CEDEAO a désigné un comité de médiation entre le pouvoir et l’opposition. Ce comité est composé des présidents Nana Akufo-Addodu, du Ghana, et Alpha Condé, de Guinée (Conakry).
Dans leur communiqué, la CET critique également la préparation «unilatérale» des élections législatives, en violation «flagrante de certaines dispositions contenues dans la feuille de route des médiateurs de la CEDEAO». Cela risque de conduire de nouveau le pays vers le chaos, ont-ils estimé, rappelant que des élections sans les réformes qui s’imposent ne résoudraient pas le problème togolais. (cath.ch/ibc/com/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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