Samedi, beaucoup retiennent leur souffle dans l’église St-Michel, de Zoug, lorsque les musiciens entament la rencontre au violon, à la guitare, au piano et à la batterie. Des projecteurs baignent la nef d’une lumière rose. Plusieurs caméras transmettent les émotions du public sur de grands écrans installés dans l’église. Puis résonne la «Séquence de la Pentecôte». Ce cantique chanté par plusieurs centaines de personnes à plusieurs voix donne la chair de poule.
Dans les bancs, Bianca Forster lève ses bras en l’air. Elle garde les yeux fermés, pleinement absorbée dans la mélodie du chant, dont le refrain se répète encore et encore. Cette mélodie lui est familière, car depuis 2013, elle se rend tous les ans, en novembre à Zoug, pour le festival Adoray. La veille déjà elle a participé, avec beaucoup d’autres, à la procession aux flambeaux à travers la vieille ville.
En 2004, deux jeunes ont frappé à la porte de la Communauté des Béatitudes à Zoug. Ils ont demandé de l’aide parce qu’ils voulaient mettre sur pied un groupe de prière. Presque au même moment, un autre groupe de jeunes ayant le même but s’était réuni à Lucerne. «Ce fut la naissance d’Adoray» explique Jean-Uriel Frey membre de la communauté.
Quartorze ans plus tard, Adoray est présent dans diverses villes suisses. Partout l’adoration, la communion et l’envoi en mission sont au centre des rencontres. «Adoray a évolué d’une série d’événements en un mouvement» commente Martin Iten, co-fondateur du collectif de médias catholiques Fisherman.FM.
L’après-midi, Bianca Forster choisit l’atelier intitulé «Le Saint-Esprit – pratique». Elle est curieuse de connaître l’invité de cette journée: le Père Raniero Cantalamessa. Le capucin italien est depuis 1980, prédicateur de la Maison pontificale. Il a parmi ses auditeurs réguliers le pape, les cardinaux, les évêques et autres responsables de l’Église catholique. Un homme maigre aux yeux vifs qui prêche avec éloquence.
Son exposé explore la question de qui est l’Esprit-Saint et de comment le rencontrer. «J’ai décidé de laisser les rênes de ma vie à Dieu», explique le capucin qui remarque aussi qu’il ne suffit pas de chanter de belles prières et des chants dont on ne comprend pas vraiment le contenu.
Après l’atelier, tout le monde partage des pommes et du thé devant l’église. Bianca a été impressionnée par la présentation de cet homme de 84 ans. «Nous avons remarqué que cet homme ne prêche pas seulement l’Esprit Saint, il vit aussi avec lui». Quand le Père a raconté comment il a décidé à un moment-clé de mener une vie avec Dieu, Bianca s’est souvenue d’une situation de sa propre existence. A 16 ans, elle a entendu un sermon sur la question: ‘Est-ce que je veux vraiment investir radicalement ma vie pour Jésus ?’ «A ce moment-là, il ne s’agissait plus pour moi de la foi enfantine que j’avais jusqu’alors, mais d’une décision d’avenir». Dès lors, elle réfléchit à la manière dont elle pourrait orienter sa vie avec Dieu.
Bianca adore l’Afrique. Elle vient de commencer des études de médecine à l’Université de Berne. Plus tard elle aimerait travailler dans la coopération au développement sur le continent noir. «Le besoin d’aider s’est développé tôt dans ma vie.» Adolescente, elle avait vu un film sur François d’Assise. Elle a été fascinée par la pensée de «comment on peut être très heureux avec peu». Elle admire le courage du saint d’avoir tout donné pour se ranger du côté des nécessiteux.
La jeune étudiante parle avec enthousiasme de son récent voyage à Addis-Abeba, capitale de l’Ethiopie, où elle a travaillé comme volontaire dans un centre de santé des Missionnaires de la Charité. «Ce qui m’a le plus impressionnée, c’est la gratitude des gens pour les sœurs qui sont tout simplement là pour eux. Peu importe à quoi ils ressemblent et d’où ils viennent.» Elle-même veut être «conduite par Dieu et donner quelque chose aux autres». Dans son groupe Adoray à Berne, où elle est active, elle rencontre des oreilles attentives.
A sept heures et demie du soir, la tente chauffée sur le terrain du monastère franciscain se vide. Bianca Forster emballe aussi ses affaires et part pour l’église St-Michel, où le «Big Adoray» a lieu un peu plus tard.
Dans l’église, l’éclairage s’est paré de couleurs supplémentaires. Maintenant, il y a aussi des paroissiens plus âgés assis sur les bancs. Les musiciens reprennent place pour les chants de louange. Bianca se réjouit. «L’adoration, avec tant d’autres, me fait du bien et me donne de la force pour ma vie quotidienne.»
Le «Big Adoray» dure toute la nuit. Certains s’assoient ou s’allongent sur le sol. Après le dernier chant, l’église St-Michel se vide peu à peu. Bianca est maintenant attirée par les basses sonores de la ‘Burgbachsaal et du Chillout Lounge’. C’est l’heure de l’échange et de la fête autour d’un verre.»Je trouve impressionnant de voir comment un petit événement, qui a commencé avec quelques personnes, a pu se transformer en quelque chose d’aussi grand», commente Bianca. (cath.ch/kath.ch/vr/mp)
Maurice Page
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