Entre Alain Berset et le pape il a notamment été question d’immigration. Interrogé en conférence de presse sur la possibilité d’appliquer en Suisse la forme d’accueil généreux prônée par le pape, le président de la Confédération a souligné les «limites» qui doivent être définies par un Etat de droit.
Sur la question de l’accueil des migrants, «Il faut une convergence entre les valeurs, ce que l’on souhaite faire et le droit. Et je crois que nous avons cette convergence» en Suisse, a estimé Alain Berset au cours d’une conférence de presse le 12 novembre 2018, peu après son audience privée avec le pape François.
Cette tradition humanitaire commune au Saint-Siège et à la Suisse est «très importante», mais dans un Etat de droit elle doit être accompagnée par «des règles qui puissent s’appliquer à tous de la même manière, a-t-il insisté. On ne peut pas chacun définir sa propre façon d’agir», a-t-il encore considéré faisant allusion au cas du pasteur Norbert Valley, ayant reçu une forte amende pour avoir aidé un sans-papiers togolais.
Reconnaissant des chiffres d’accueil des migrants «faibles» cette année – selon le Département fédéral de justice et police, la Suisse a accueilli quelque 30’000 ressortissants issus de territoires hors Union européenne en 2018 – Alain Berset a fait valoir une politique migratoire qui a fait ses preuves par le passé, notamment pendant la guerre des Balkans dans les années 1990.
Le président de la confédération a souligné en particulier l’importance d’organiser une discussion sur le plan international. Dans cette optique, le Pacte sur les migrants porté par les Nations unies s’avère selon Alain Berset un «outil» pertinent. Afin de garantir la lutte contre l’immigration illégale, la traite d’êtres humains «et les horreurs qui y sont liées, nous avons besoin d’un cadre international». Cette problématique est actuellement «en cours de discussion» dans le pays, a-t-il fait savoir.
Cette rencontre avec le pape François, a par ailleurs expliqué Alain Berset, s’inscrit dans une certaine cohérence avec les commémorations de la fin de la Première Guerre mondiale en France où il était présent et l’inauguration du forum de Paris sur la paix. Le trait d’union qui relie ces rencontres, c’est «l’engagement pour la paix, pour le dialogue, le respect des droits humains cher à la Suisse». Un élément déjà évoqué lors de la visite du pape le 21 juin dernier à Genève, a-t-il confié. A ce sujet, le pontife s’est réjoui d’avoir visité ce qu’il considère comme «la Suisse multilatérale, des organisations internationales et ouverte au monde».
Le multilatéralisme, a remarqué Alain Berset, porte en lui «les valeurs d’ouvertures, de dialogue, de respect, d’échange». Avec le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin, «nous avons compris avoir un rôle de part et d’autre à jouer: nous sommes sur la même ligne», a-t-il affirmé. Dans cette perspective, la Corée était également présente au cœur des échanges : la Suisse, a-t-il souligné, est très impliquée dans le processus de paix dans la péninsule.
Alain Berset a déclaré en outre avoir parlé avec le pontife de la Garde suisse, «institution très chère» dans le pays. Le pape a confié au chef d’Etat qu’il avait une part de Suisse en lui dans la mesure où la première personne qu’il voyait le matin en se levant était un Suisse, qui surveille ses appartements. (cath.ch/imedia/ah/pp)
Pierre Pistoletti
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