Les religieuses ont été attaquées par des hommes armés près d’Agbor, dans l’Etat du Delta. Deux autres sœurs, qui voyageaient dans le même véhicule qui a été mitraillé, ont été touchées aux jambes et emmenées à l’hôpital.
L’enlèvement de ces religieuses n’est que le dernier d’une série d’épisodes analogues qui se déroulent depuis longtemps dans l’Etat du Delta et dans d’autres zones du sud-est du Nigeria. Un prêtre appartenant au même diocèse que les religieuses enlevées le 25 octobre a même été kidnappé par deux fois.
Le Père Andrew Anah, curé de la paroisse du Sacré-Cœur d’Obomkpa, a en effet été enlevé une première fois en 2017 pour être libéré quelques jours plus tard, avant de l’être à nouveau le 5 juin dernier. Il a ensuite été relâché au début du mois de juillet.
Outre le nord du pays, où sévissent les terroristes de Boko Haram, le sud pétrolier du Nigeria est devenu un important repaire de groupes criminels qui s’adonnent à toutes sortes de trafics, dont des kidnappings qui leur permettent d’obtenir de fortes rançons. Les médias locaux rapportent quasi quotidiennement de tels faits, dont sont victimes des gens du pays ou des expatriés vivant dans la région.
Un témoin de l’attaque des religieuses a mis en cause des «bergers foulanis» (des peuls semi-nomades, en majorité musulmans), mais les militants armés peuls sont en principe actifs dans d’autres régions du Nigeria. Cela fait des années que des éleveurs peuls et des cultivateurs chrétiens, sédentaires, s’affrontent sur les droits de pâturage, dans la «ceinture médiane», qui, au centre du Nigeria, divise le nord à majorité musulmane, du sud, en grande partie habité par des chrétiens.
Selon l’Association chrétienne du Nigeria dans l’Etat du Plateau, dans le centre du pays, depuis janvier 2018, près de 6’000 personnes ont été brutalement mutilées et tuées lors d’incursions nocturnes perpétrées par des éleveurs armés appartenant à l’ethnie des Foulanis. D’après l’ONG Intersociety, 2’000 agriculteurs chrétiens auraient été tués en 2018 au Nigeria tant par des éleveurs foulanis que par les radicaux islamistes de Boko Haram.
L’origine des affrontements, où des musulmans haoussas et foulanis sont aussi victimes de représailles de la part de chrétiens, n’est pas que religieuse. Dans un pays où devraient vivre 411 millions de personnes en 2050, selon l’ONU, les paysans se battent pour la répartition des terres. Une situation déjà critique, aggravée par le dérèglement climatique, relève le site Vatican News. Dans le centre du Nigeria, en effet, se retrouvent bergers peuls nomades venus du Nord à la recherche de pâturages fertiles pour leurs troupeaux, et agriculteurs sédentaires venus du Sud, cherchant de nouvelles terres à cultiver pour subvenir aux besoins de la population. (cath.ch/fides/vaticannews/be)
Jacques Berset
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