Synode: Mgr de Raemy propose la création d'un Conseil pontifical des jeunes

Mgr Alain de Raemy a proposé la création d’un Conseil pontifical des jeunes. L’évêque des jeunes en Suisse s’exprimait le 18 octobre 2018 en plénière de l’assemblé synodale.

Durant le synode des évêques, chaque intervenant dispose de quatre minutes – pas une de plus – pour transmettre son point de vue à l’assemblée. Représentant la Conférences des évêques suisses, Mgr Alain de Raemy en a profité pour soumettre au pape François la création d’un Conseil pontifical des jeunes.

«Je propose donc, moi aussi […] un Conseil pontifical des jeunes, ici à la Curie romaine, composé de jeunes garçons et filles des cinq continents, dont le président, un jeune homme ou une jeune femme, ne soit pas considéré différemment des autres chefs de dicastère», a-t-il affirmé en italien le 18 octobre 2018 dans la salle du synode.

Pour l’évêque auxiliaire de Lausanne, Genève et Fribourg, «il s’agirait d’un bon signe. Les jeunes dans la maison avec le successeur de Pierre, lui qui nous aide à dire à Jésus: ‘Tu es le Messie, tu es le Fils du Dieu vivant!’.

Du point de vue institutionnel, ce nouveau Conseil pontifical serait «en dialogue permanent avec les autres dicastères de la curie, pour mieux trouver le langage, la façon de communiquer et les attitudes justes, mais aussi les contenus, à l’égard des jeunes, de tous les jeunes du monde».

La proposition a-t-elle des chances d’aboutir? Difficile à dire pour l’heure. Il n’en reste pas moins que le pape a applaudi cette proposition soutenue en plénière par l’un ou l’autre père synodal.

Ne jamais condamner!

Durant son intervention, Mgr de Raemy s’est aussi interrogé sur l’enracinement dans le Christ. Celui des pasteurs, comme celui des jeunes. Pour cela, l’évêque a repris à son compte l’homélie du pape François lors des canonisation du 14 octobre 2018 et le «pourcentage d’amour» qui ne convient pas au don radical du Christ.

«Pour la très grande majorité des jeunes dans le monde, il est inévitable d’être, pour ainsi dire, ‘à vingt, à cinquante ou à soixante pour cent’ avec Jésus. Cela fait partie du chemin de maturation que de nombreux jeunes, même baptisés, doivent parcourir. Nous devons donc faire tout ce qu’il faut pour que personne ne se sente exclu. Pour ne pas décourager. Nous l’avons rappelé souvent ici: écouter, mieux comprendre, ne pas juger, ne jamais condamner. Autrement dit: ne pas mettre en danger le plus petit ‘pourcentage de Jésus’ chez les jeunes! Mais, par charité: sans rien leur cacher de Jésus! Tous méritent tout!», a fait valoir l’évêque.

Où sont les femmes?

Par ailleurs, Mgr de Reamy regrette le manque de femmes dans le processus de réflexion synodal. «Témoigner de Jésus pleinement signifie aussi prendre en compte toutes ces femmes [mentionnées dans les évangiles, ndlr]. Malheureusement nous ne le faisons pas assez, observe-t-il. Et nous ne le faisons pas dans cette aula. Je ne comprends pas comment 80% de la vie consacrée, soit les femmes, soient ici représentés par trois religieuses sans droit de vote, alors que le 20%, soit les hommes, le sont par dix pères et frères, membres du synode de plein droit.» (cath.ch/pp)


Texte intégral:

Chères amies, chers amis: bonjour!

Saint Père,

Dimanche, dans votre homélie, vous nous avez dit: «Jésus est radical. Il donne tout et demande tout: Il donne un amour total et exige un cœur sans partage. (…) A Lui, (…) nous ne pouvons pas répondre seulement par l’observance de quelques préceptes. (…). Jésus ne se contente pas d’un «pourcentage d’amour»: nous ne pouvons pas l’aimer à vingt, à cinquante ou à soixante pour cent. Ou tout ou rien!»

Oui, Saint Père, c’est bien parfois notre problème d’adultes chrétiens auprès des jeunes. Souvent nous ne sommes pas en tout et pour tout avec Jésus. Si nous nous unissons au Christ seulement «à vingt, à cinquante ou à soixante pour cent», nous transmettons alors uniquement des préceptes, aujourd’hui appelés des valeurs: un joli paquet, mais sans avoir à l’intérieur le bon chocolat (suisse, évidemment).

Toutefois dans votre homélie de dimanche passé, Vous, Saint-Père, Vous nous exhortiez: «Demandons-nous où nous en sommes dans notre histoire d’amour avec Dieu.» Oui, demandons-nous cela! Non seulement à quel point nous sommes dans notre préparation théologique, catéchétique, pédagogique, mais vraiment où nous en sommes dans notre histoire d’amour avec Dieu.

Car il arrive parfois que précisément ce qui nous porte, ce qui fait pourtant la beauté de notre vécu en communion avec Dieu, soit hélas mis de côté, pour être « soi-disant » plus proches des jeunes. Soutenons-nous plutôt les uns les autres dans notre histoire d’amour avec Jésus, pour y rester, y grandir ou y revenir. Aidons-nous les uns les autres. Sans fausse honte. Si nos structures ne servent pas à ça… « à quoi bon » ?

Pour la très grande majorité des jeunes dans le monde, il est inévitable d’être, pour ainsi dire, «à vingt, à cinquante ou à soixante pour cent» avec Jésus. Cela fait partie du chemin de maturation que de nombreux jeunes, même baptisés, doivent parcourir. Nous devons donc faire tout ce qu’il faut pour que personne ne se sente exclu. Pour ne pas décourager. Nous l’avons rappelé souvent ici: écouter, mieux comprendre, ne pas juger, ne jamais condamner. Autrement dit: ne pas mettre en danger le plus petit « pourcentage de Jésus » chez les jeunes! Mais, par charité: sans rien leur cacher de Jésus! Tous méritent tout!

Et dans le tout de l’évangile, nous avons aussi Marie, la Mère de Dieu. Et Marie Madeleine. Et beaucoup d’autres femmes. Témoigner de Jésus pleinement signifie aussi prendre en compte toutes ces femmes. Malheureusement nous ne le faisons pas assez. Et nous ne le faisons pas dans cette aula. Je ne comprends pas comment 80% de la vie consacrée, soit les femmes, soient ici représentés par trois religieuses sans droit de vote, alors que le 20%, soit les hommes, le sont par dix pères et frères, membres du synode de plein droit.

Je propose donc, moi aussi, en revenant aux jeunes, un Conseil pontifical des jeunes, ici à la Curie romaine, composé de jeunes garçons et filles des cinq continents, dont le président, un jeune homme ou une jeune femme, ne soit pas considéré différemment des autres chefs de dicastère.

Il s’agirait d’un bon signe. Les jeunes dans la maison avec le successeur de Pierre, lui qui nous aide à dire à Jésus: «Tu es le Messie, tu es le Fils du Dieu vivant!».

Un Conseil pontifical des jeunes, en dialogue permanent avec les autres dicastères de la curie, pour mieux trouver le langage, la façon de communiquer et les attitudes justes, mais aussi les contenus, à l’égard des jeunes, de tous les jeunes du monde, si différents dans leur «pourcentage» de proximité à Jésus, mais tous jeunes et tous fils et filles de Dieu.

(traduit de l’italien par Lorenzo Paravicini)


A revoir: Une journée avec Mgr de Raemy

 

Pierre Pistoletti

Portail catholique suisse

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