Les 6 et 8 octobre, les participants au synode sur ‘les jeunes, la foi et le discernement vocationnel’ se sont répartis au sein de 14 groupes linguistiques afin de réfléchir sur la première partie de l’Instrumentum laboris. Puis, le 9 octobre, le rapporteur de chaque groupe a présenté une synthèse des échanges de chaque groupe. Au total, ce sont 316 modi – amendements – qui ont été apportés pour la première partie du document de travail.
Une des demandes les plus fortes des Pères synodaux est que l’assemblée trouve les moyens de s’adresser directement aux jeunes. Le groupe anglophone B a ainsi suggéré que la commission d’information fasse toutes les semaines une vidéo de moins de trois minutes, accompagnée d’un texte de moins de 400 mots. Pour le même groupe, le synode doit – outre le document final – aboutir à un «message à la jeunesse du monde», à la fois «inspirant et missionnaire».
Il est nécessaire, abonde le groupe italophone A, «que soit fait un message du synode directement adressé aux jeunes, qui soit court et incisif». Un autre groupe, l’hispanophone B, va dans le même sens en proposant que le document final ait une «rédaction plus agile, (…) attractive pour les jeunes et les adolescents, avec un langage plus dynamique et interactif». «Le document final doit être inspirant», plaide pour sa part le groupe hispanophone A.
Alors que la première partie de l’Instrumentum laboris est consacrée à l’étude de la situation actuelle des jeunes, les membres de l’assemblée synodale n’ont pu que constater la diversité des contextes. Il existe une «grande diversité des conditions de vie, d’éducation, de travail», relève ainsi le groupe francophone C. Le groupe hispanophone A – de même que l’anglophone D – note pour sa part que le document est parfois «très eurocentrique» tandis que le groupe hispanophone B demande de ne pas oublier la «réalité des régimes totalitaires». De plus, de nombreux groupes ont insisté sur les cas de jeunes migrants.
Si la plupart des groupes se sont accordés sur l’importance du numérique: c’est une «part intrinsèque de la culture des jeunes», souligne le groupe lusophone. Importance qui va même jusqu’à une «démence numérique» pour le groupe germanophone, avec de «nouvelles addictions». Toutefois, «de nombreux jeunes ne sont pas connectés», tient à modérer le groupe francophone A. A l’échelle du monde, selon les pays ou selon le fait que les jeunes habitent en ville ou en zone rurale, il existe pour ce groupe une «rupture numérique».
En revanche, la «crise de la communication de la foi» fait l’unanimité dans les groupes – selon une formule des groupes francophone C et italophone A. «Les jeunes voient l’Eglise comme indifférente, incompétente, immobile», assène le groupe hispanophone B. Pour le groupe anglophone A, «la confiance [est] brisée» en particulier par les «terribles crimes et péchés» des abus sexuels. «Une Eglise qui n’inspire pas la confiance ne peut être qu’incapable d’atteindre les jeunes», ajoute le groupe anglophone C.
Les Pères synodaux donnent d’ores et déjà quelques pistes de réformes. Pour le groupe hispanophone A, il est primordial de donner «des signes de crédibilité». Le synode doit traiter ouvertement de la question des abus, insiste pour sa part le groupe anglophone A. Il est urgent que «toute l’Eglise se mette dans une attitude de conversion», plaide pour sa part le groupe italophone A.
Vis-à-vis des jeunes, l’Eglise doit être plus «empathique», un mot qui revient dans les synthèses de plusieurs groupes. L’Eglise doit accompagner les jeunes «malgré [leurs] erreurs», déclare le groupe hispanophone A. Pour cela, il faut privilégier «l’éloquence de la crédibilité du témoignage», estime le groupe italophone B. Les jeunes ont besoin de personnes qui leur parlent avec «limpidité, profonde humanité et empathie», insiste le même groupe.
Les différents groupes veulent également responsabiliser les jeunes. Il faut les rendre «protagonistes», considère le groupe hispanophone A, d’autant que selon lui il y a une «grande religiosité» chez les jeunes. Il faut une pastorale «avec les jeunes» et non «pour les jeunes», détaille le groupe italophone A. Cela est d’autant plus nécessaire, quel les jeunes «sont l’Eglise», réaffirme plusieurs groupes. Notamment les femmes, «prédominantes» dans les environnements ecclésiaux, selon le groupe lusophone. Mais aussi des pères qui ont une grande «responsabilité» dans la transmission de la foi, pour le groupe hispanophone A.
Autre sujet récurrent: la formation des séminaristes et des consacrés. «Repenser cette formation est urgent et nécessaire», n’hésite pas à affirmer le groupe francophone A. Cette meilleure formation doit en particulier conduire à éviter «l’autoritarisme et l’isolement», détaille le groupe hispanophone B. (cath.ch/imedia/gr)
Grégory Roth
Portail catholique suisse
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