Comment le miracle attribué à l’intercession de Paul VI a-t-il été choisi pour être celui conduisant à sa canonisation?
Dans ce cas, il n’y a pas eu de choix. L’événement s’est produit, et la postulation de la cause – chargée de faire avancer la cause au Saint-Siège – a été informée. Une fois établi qu’il s’agissait d’un événement extraordinaire, la Congrégation pour la cause des saints a demandé de mener une enquête dans le diocèse où le miracle présumé s’est produit. Cette enquête diocésaine comporte deux aspects essentiels: l’écoute des témoins et les rapports médicaux.
Une fois ce processus terminé, le tout est envoyé à la Congrégation où l’enquête diocésaine est évaluée en deux sessions. La première consiste en une vérification par des médecins pour évaluer s’il s’agit bien d’un cas dépourvu d’explication scientifique. Puis, la seconde session est composée de théologiens qui évaluent les prières adressées au candidat à la gloire des autels. Il y a ensuite l’avis des évêques et des cardinaux et enfin, le cas échéant, le décret du Saint-Père qui déclare le candidat bienheureux ou saint.
Que nous apprend ce miracle sur Paul VI ?
Nous pouvons tant apprendre de ce miracle ! Tout d’abord, pour comprendre la complexité d’une étape de l’histoire de l’Eglise, celle que le pape Paul VI a vécu et comment lui-même a été un vrai signe de contradiction. Giflé tant à droite qu’à gauche. Il y avait ceux qui l’accusaient d’avoir désacralisé la liturgique et de trahison dans le cas du cardinal Jozsef Mindszenty (1892-1975) [pour permettre à ce haut prélat persécuté par le régime soviétique de quitter son asile à l’ambassade américaine de Budapest en 1971, Paul VI l’avait déclaré «victime de l’histoire» et non du communisme, ndlr]. Et il y avait ceux qui accusaient Paul VI de vivre hors du monde à cause de son encyclique Humanae Vitae (1968) [prohibant notamment la contraception, ndlr].
Concernant ce miracle, il est clair qu’il s’agit d’Humanae Vitae. Ce miracle semble vouloir dire que l’ordre naturel mis en évidence par Paul VI est le fondement de l’humanité, la première révélation divine. Il vient aussi affirmer que l’embryon est une personne. Ce miracle vient donc soutenir le paragraphe 14 de l’encyclique qui affirme que l’avortement est «absolument à exclure (…) même pour des raisons thérapeutiques».
Ce miracle porte-t-il un message pour tous les chrétiens?
Portant sur l’ordre naturel, je pense que ce miracle a un message pour toute l’humanité: respecter la vie, la protéger. C’est aussi un encouragement pour les familles à avoir des enfants, témoins de l’amour conjugal des parents. Et par dessus tout, y compris dans le domaine de la procréation, avec le respect dû à chacun, il faut écouter la nature, car Dieu pardonne toujours, l’homme parfois, la nature jamais.
Comment la famille vit-elle ce miracle?
Pour les parents, ce miracle a été un beau défi contre tout le monde. Seuls la foi et l’amour de l’enfant à naître les ont poussés à poursuivre la grossesse. Il y avait l’angoisse de savoir que le bébé souffrait sans liquide amniotique et il y avait aussi la certitude de savoir que si elle naissait vivante, ce serait sans poumons ni cerveau… Mais la confiance dans l’intercession du pape Paul VI les a fait attendre envers et contre tout. Leur foi les a sauvés. Malheureusement, les parents et l’enfant ne devraient pas réussir à être présents lors de la messe de canonisation le 14 octobre. Pour ma part, j’aurai la grâce de concélébrer. (cath.ch/imedia/xln/gr)
Grégory Roth
Portail catholique suisse
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