Au cours des interventions, entre la session de l’après-midi du 4 octobre et celle du matin du 5 octobre, le thème de la sexualité a de nouveau largement été abordé, sans toutefois faire référence à la question des abus sexuels. Il a plutôt été évoqué la nécessité de savoir s’adresser aux jeunes et de lever certains tabous dans l’Eglise.
Certains évêques ont ainsi abordé le problème rencontré par des jeunes – pratiquants ou non – qui ont des relations sexuelles avant le sacrement de mariage, a rapporté Paolo Ruffini, se mettant de fait en condition de péché mortel. Selon une personne présente dans l’aula, deux profils ont été mentionnés: ceux qui continuent de recevoir la communion malgré l’interdiction de l’Eglise, et ceux qui s’éloignent du sacrement eucharistique. «Sans remettre à aucun moment en cause la doctrine de l’Eglise», il a été soulevé la nécessité de s’adresser à ces personnes. Il ne s’agit pas d’avoir un langage «relativiste, mais plus miséricordieux», a déclaré Paolo Ruffini.
De manière plus générale, Mgr Manuel Ochogavía Barahona, augustin, évêque de Colón (Panama), a insisté sur l’essentielle adaptation de l’Eglise aux jeunes par le biais d’une écoute. Il a ajouté que la pastorale devait être «pleine de compassion et permettre une croissance intégrale des jeunes».
Certaines interventions des Pères synodaux ont mis l’accent sur le besoin de qualité dans la liturgie, a relevé un témoin. Deux attentes ont été exprimées: la première concerne principalement les pays du nord. Des évêques ont insisté sur le besoin de «radicalité et de contemplation» des jeunes. Certains ont mis en exergue la volonté d’un retour à la tradition liturgique.
Les pays du sud, quant à eux, ont constaté une attirance des jeunes pour les mouvements pentecôtistes, mais aussi, plus inquiétant, pour les sectes. Marion Sophie Rakotoroalahy, représentante des jeunes étudiants catholiques de Madagascar, présente dans l’aula, a témoigné de la situation dans son pays, où les jeunes fidèles s’éloignent parfois de l’Eglise catholique, en raison de son environnement inadapté aux attentes des jeunes.
Selon elle, cette situation exige une éducation catéchétique accessible notamment par le biais d’homélies plus captivantes et simples, ainsi qu’une liturgie plus dynamique. Face à ces deux constats, il convient de rechercher systématiquement «la beauté et la qualité», a estimé pour sa part Mgr Anthony Fischer, archevêque de Sydney (Australie).
Autre problématique, la disparition de la figure du père dans les sociétés occidentales. Selon un évêque, des études montreraient toutefois que la transmission de la foi s’effectue dans la majorité des cas par le père de famille. Un prélat a ainsi proposé que soit mise en place une catéchèse destinée spécialement aux jeunes familles.
Un évêque a par ailleurs pointé le besoin de modifier l’organisation de la structure ecclésiale. Il a été demandé en particulier de repenser le ministère des prêtres. De nombreux prêtres sont en effet «débordés par les tâches administratives», et n’ont de fait, plus le temps d’aller vers la jeunesse. Un intervenant a proposé de mettre en place un «ministère de l’écoute» pour décharger également les évêques, parfois beaucoup trop sollicités.
Le thème de l’immigration était aussi très présent dans les discussions. De jeunes diplômés sont parfois contraints de quitter leur terre et ne trouvent pas dans leur pays d’accueil la possibilité de vivre leur vocation. Un intervenant a ainsi demandé plus de proximité de l’Eglise pour les immigrés de seconde génération. Dans cette optique, la création d’un Conseil pontifical de la jeunesse a été également mentionnée.
Selon Mgr Fischer, le pape François se montre extrêmement disponible saluant l’ensemble des participants. «Il écoute tout, et ne peut même pas s’endormir étant à la vue de tous», a-t-il plaisanté. «Il prend des notes et se montre totalement impliqué», a insisté le prélat. Le pape François est intervenu brièvement dans la soirée du 4 octobre. Il a énuméré toutes les interventions qui l’ont marqué et en a spécialement remercié les auteurs.
Dans l’après-midi du 5 octobre, les participants du synode se sont répartis en 14 groupes linguistiques. Trois petits groupes (ou circoli minori), intitulés Gallicus A, B et C, sont de langue française. Dans l’un d’eux, figure Mgr Joseph Guo Jincai, évêque de Chengde (Chine), étant francophone par ses études au séminaire international du Prado à Lyon. Chaque petit groupe va procéder à l’élection de son président et de son modérateur. (cath.ch/imedia/mg/ah/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
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