Après une première journée marquée par les discours d’ouverture, l’assemblée synodale s’est réunie dans la matinée du 4 octobre pour la première congrégation générale. Après avoir écouté le témoignage d’une jeune femme, 25 Pères synodaux ont pris la parole à tour de rôle pour des interventions de quatre minutes. Sur décision du pape François, trois minutes de silence sont observées toutes les cinq interventions afin de «discerner». Une mesure saluée par les personnes présentes.
Pour Chiara Giaccardi, cette première session a été l’occasion d’une «révolution copernicienne» pour l’Eglise : les interventions des évêques ont démontré une position d’écoute et non d’enseignement. Pour elle, les Pères synodaux ont entendu l’appel à parler avec courage lancé par le pontife dans son discours d’ouverture. Ces déclarations, a salué la professeure italienne, ont ainsi été «très franches, sans minimisation, avec beaucoup d’authenticité», insistant sur la réalité concrète des jeunes.
Selon Chiara Giaccardi, mais aussi Paolo Ruffini, préfet du Dicastère pour la communication, et d’autres personnes présentes dans l’aula, il n’y a pas eu de sujet prédominant dans ces interventions préparées à l’avance par des évêques issus de tous les pays.
Toutefois, le thème des abus sexuels est revenu à plusieurs reprises. Deux Pères synodaux y ont consacré leur allocution tandis qu’une demi-dizaine d’autres l’ont cité parmi d’autres problèmes. Selon un participant, un Père synodal s’est directement adressé aux jeunes présents en tant qu’auditeurs pour leur demander pardon. Des excuses présentées pour les abus, mais aussi pour les autres erreurs de l’Eglise.
Dans son intervention, un autre Père synodal a considéré que ce problème était à traiter en premier si l’Eglise veut renouer avec les jeunes. Ce problème des abus sexuels – mais pas seulement – a été relié au besoin de cette dernière d’être crédible, a estimé Paolo Ruffini. Pour Chiara Giaccardi, les abus ont semblé être «la partie émergée de l’iceberg d’un manque de l’Eglise dans son propre mandat».
La question de la sexualité a également été abordée «de façon ouverte par beaucoup de pères», selon Chiara Giaccardi. Ils ont notamment insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’un «ennemi», mais d’une «dimension essentielle» de la personne. Pour l’Italienne, des choses très belles ont été dites, notamment sur la formation des prêtres.
Selon des témoins, deux évêques ont consacré leur intervention à ces questions de l’affectivité et de la sexualité. L’un d’entre eux est Mgr Emmanuel Gobilliard, évêque auxiliaire de Lyon (France). «Apprenons aux jeunes à recevoir la sexualité avant tout avec bonheur, comme un cadeau et non pas comme un ennemi ou un obstacle». Il est donc capital pour lui de parler librement de sexualité durant ce synode, afin que les jeunes et les séminaristes puissent être éduqués pour transmettre à leur tour.
Il s’agissait d’une intervention très empathique, a témoigné une personne présente. L’autre évêque qui a consacré son intervention à ces sujets a également souligné qu’il ne fallait pas avoir honte de ces questions. Il a toutefois pour sa part plus insisté sur la nécessaire clarté de l’enseignement de l’Eglise pour ne pas abandonner les jeunes aux différents commerçants du sexe.
Après cette première congrégation générale tenue entre 9h et 12h30, avec une demi-heure de pause, les Pères synodaux devaient se retrouver à 16h30 pour la seconde congrégation. Normalement, la dernière heure, entre 18h15 et 19h15, est consacrée à un débat libre. Les Pères synodaux peuvent donc intervenir sans ordre de passage et réagir les uns aux propos des autres.
Par ailleurs, les Pères synodaux ont procédé le 3 octobre au soir à l’élection de la commission d’information du synode. Tous pouvaient voter pour un représentant par zone géographique. Ont ainsi été élus les cardinaux Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille (Philippines) ; Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec (Canada) ; Christoph Schönborn, archevêque de Vienne (Autriche), Robert Sarah, originaire de Guinée ; et Mgr Anthony Colin Fischer, archevêque de Sydney (Australie).
Toutefois, le cardinal Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, a décliné cette élection. Le haut prélat aurait avancé des «raisons personnelles». C’est donc le cardinal Wilfrid Fox Napier, archevêque de Durban (Afrique du Sud), qui a été élu à sa place. Son nom avait en effet été le second du continent africain à recueillir le plus de voix.
Enfin, ces premières sessions ont été marquées par deux présences : celle du pape François et celle des jeunes. Le pontife a ainsi assisté à tous les échanges, arrivant longtemps à l’avance et montrant sa disponibilité à échanger avec tous lors des pauses. Les jeunes ont quant à eux fait ressentir leur présence, par leurs réactions «parfois bruyantes, mais toujours polies» lors des interventions. Ils ont notamment applaudi certains discours. (cath.ch/imedia/mp)
Maurice Page
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