Selon Roberto Morozzo, un certain «patriotisme positif latino-américain» est présent chez le pape François comme chez Mgr Romero. Mgr Mazzotta, quant à lui, a mentionné l’attachement du pontife argentin pour la vision d’évangélisation présentée dans l’exhortation Evangelii nuntiandi (1975) de Paul VI. Ce document magistériel insiste sur le rôle que doit jouer tout chrétien et non pas seulement les prêtres ordonnés.
Le souci de mettre en pratique l’Evangile à travers l’amour des pauvres se retrouve aussi chez les trois personnalités. Mgr Romero, en se faisant le défenseur des plus démunis contre la répression brutale du régime. Chez Paul VI, cela s’est exprimé notamment par la décision de vendre la tiare pontificale pour en offrir les recettes à une œuvre de charité. De manière générale, le pontife considérait particulièrement qu’il fallait aimer les plus pauvres toujours plus afin de mieux les servir.
Au cours du procès en canonisation de Giovanni Battista Montini, a expliqué Mgr Mazzotta, ses écrits privés n’ont pu être utilisés. C’est avant tout son expérience pontificale qui a servi de matière. Sa spécialité, a souligné le prélat, restait l’éducation des jeunes. Mgr Mazzotta lui-même était régulièrement contacté par le pontife afin de connaître le type de travail éducatif mises en œuvre dans sa paroisse.
Paul VI était également un grand directeur spirituel. «La plus belle partie du procès en canonisation a été la lecture des témoignages des fidèles qu’il dirigeait spirituellement», a affirmé le rapporteur.
Mgr Romero, a rapporté quant à lui Roberto Morozzo, a entretenu une relation très profonde avec Paul VI. «Il lui était très fidèle et considérait son magistère comme une référence».
Le biographe a par ailleurs mis en avant les raisons religieuses de l’assassinat de l’évêque salvadorien, attestant qu’il s’agissait d’une mort en haine de la foi, indispensable pour reconnaître son martyre. Selon lui, «Mgr Romero cherchait à défendre le peuple contre la junte militaire, pour des raisons religieuses, car ses choix étaient motivés par les principes chrétiens».
Le spécialiste de Mgr Romero a toutefois reconnu des difficultés dans le déroulement du procès, notamment à l’époque du pape Benoît XVI (2005-2013). «Romero est un saint, avait estimé le pontife allemand de retour du Brésil en 2007, mais subsiste un problème: il manque l’unité autour de son nom». Pendant longtemps en effet, un clivage existait autour des positions politiques de l’archevêque de San Salvador. C’est toutefois bien Benoît XVI, a assuré Roberto Morozzo, qui a débloqué sa cause de canonisation. (cath.ch/imedia/ah/mp)
Maurice Page
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