Dès le 30 septembre, des élus français ont fait part de leur soutien à l’idée d’une telle enquête, rapporte le quotidien Le Monde. Il s’agit surtout de personnalités politiques issues des milieux de gauche. Valérie Rabault, chef de file des socialistes à l’Assemblée nationale a notamment signé la pétition de Témoignage chrétien. L’hebdomadaire a lancé un appel au Parlement, pour que députés et sénateurs se saisissent de la question des abus sexuels dans l’Eglise, sur le modèle de ce qui a été mis en place en Australie. Pour les signataires, «seule une commission parlementaire a le pouvoir de faire la lumière sur le passé pour éviter qu’il ne se reproduise».
La publication catholique a également lancé une pétition en ligne. Elle avait récolté, au 1er octobre 2018, plus de 5’000 signatures. Parmi les soutiens de base, se trouvent déjà plusieurs parlementaires. Outre Valérie Rabault, on trouve les socialistes Jean-Pierre Sueur et Marie Noelle Lienemann, vice-présidente du Sénat, mais aussi André Gatollin, Jacques Maire et Marie-Pierre de la Gontrie, de la République en Marche (LREM), le mouvement d’Emmanuel Macron. Plusieurs personnalités catholiques apparaissent également, telles qu’Anne Soupa, président de la Conférence des baptisés de France, le psychanalyste dominicain Laurent Lemoine, ou encore Pierre Vignon, le prêtre qui a demandé la démission du cardinal Philippe Barbarin. Deux anciennes ministres, Roselyne Bachelot et Laurence Rossignol (également députée PS) ont signé le texte.
Le sénateur socialiste Patrick Kanner s’est, depuis, publiquement rallié à cette idée. Valérie Rabault proposera le 2 octobre que son groupe prenne l’initiative de lancer la commission d’enquête. Selon Le Monde, le groupe communiste à l’Assemblée nationale devrait en débattre également le 2 octobre, de même que le groupe centriste UDI, Agir et indépendants.
Certains se posent néanmoins la question de la possibilité de la mise en place d’une telle commission. La création de cette dernière est du ressort exclusif du Parlement. Elle se ferait sur proposition de résolution quant à l’établissement de la commission, faisant l’objet d’un vote en séance publique.
La dimension politique d’une telle enquête fait aussi débat. Les pétitionnaires notent que sa mise en place ne nuirait aucunement au principe de laïcité, car l’Eglise «n’échappe pas plus que les autres à la loi républicaine, et ceci d’autant plus qu’elle participe à des missions d’intérêt général et bénéficie à ce titre d’aides publiques ou fiscales».
Une opinion que ne partage pas la journaliste Isabelle de Gaulmyn. Dans le journal La Croix du 30 septembre, elle se dit en faveur d’une enquête à grande échelle et indépendante, mais pas au niveau parlementaire. «On ne voit pas ce que pourrait apporter un débat nécessairement politique sur un sujet aussi complexe, à la dimension historique importante, souligne la journaliste. Et dans ce cas, il faudrait au moins que le travail des parlementaires porte sur l’ensemble des abus sexuels, non seulement dans l’Église, mais dans toutes les institutions en rapport avec la jeunesse, éducation nationale ou mouvement sportif».
La Conférence des évêques de France (CEF) ne s’est pas encore prononcée sur cet appel, mais assure qu’elle le fera dans les prochains jours. (cath.ch/cx/lemonde/rz)
Raphaël Zbinden
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