Les prélats allemands ont présenté à Fulda, au centre du pays, un programme d’action en sept points, rapporte l’agence de presse Katholische Nachrichten-Agentur (KNA). Ils entendent notamment impliquer davantage dans la démarche les victimes d’abus et des experts indépendants externes. Ils s’engagent également à faire toute la lumière sur les diverses responsabilités institutionnelles dans les cas d’abus, en particulier concernant les efforts de dissimulation et de transfert des auteurs.
Outre l’ouverture du débat sur le célibat des prêtres et la sexualité, les évêques veulent réformer et développer les procédures d’indemnisation des victimes. Il est également question de standardiser la gestion des dossiers des employés de l’Eglise, jugée lacunaire jusqu’à présent. «Un monitoring interdiocésain contraignant» est envisagé, qui signalerait de façon régulière les démarches entreprises dans chaque diocèse en matière de prévention et de lutte contre les abus. Mgr Stephan Ackermann, responsable de la lutte contre les abus au sein de la Conférence épiscopale, a souligné que les évêques souhaitaient également développer la coopération avec les autorités publiques.
Le plan d’action fait suite à un rapport présenté le 25 septembre 2018 par la Conférence des évêques d’Allemagne sur les cas d’abus sexuels dans l’Eglise catholique dans le pays au cours des dernières décennies. Le document a révélé que 3’677 enfants et adolescents avaient été victimes de telles violences entre 1946 et 2014, pour 1’670 prêtres coupables.
Le cardinal Reinhard Marx, président de la Conférence épiscopale, a souligné que les discussions sur le célibat et la sexualité devaient se faire sans tabou. Il a indiqué que des médecins, des psychologues, des sociologues et d’autres experts extérieurs à l’Eglise seraient impliqués dans les débats. Les thèmes du pouvoir et de la division des rôles dans l’institution devraient également être abordés.
La question du célibat obligatoire des prêtres, une discipline appliquée dans le rite latin de l’Eglise catholique, a récemment été soulevée dans d’autres pays. Les prêtres australiens ont soumis, début septembre 2018, au pape François une proposition visant à permettre, dans certains cas, l’ordination d’hommes mariés et la réintégration à leur poste de ministres l’ayant quitté pour se marier. Dans le canton suisse des Grisons, une pétition a été lancée fin septembre par des fidèles demandant la fin du célibat obligatoire.
La possibilité d’un célibat optionnel est discutée principalement dans les zones où le manque chronique de prêtres pose de sérieux problèmes pastoraux, notamment en Amazonie brésilienne. La question pourrait être abordée à l’occasion du Synode des évêques sur l’Amazonie, en octobre 2019 au Vatican. (cath.ch/kna/arch/rz)
Raphaël Zbinden
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