Le mot synode vient du grec et signifie «faire route ensemble» Son but est de répondre aux défis de notre époque, d’adapter l’enseignement de l’Eglise pour mener au mieux les fidèles vers Dieu, explique le hors-série de l’Essentiel. Si des réunions d’évêques ont toujours existé, c’est Paul VI en 1965 qui les a établies comme institution permanente.
Fait inédit en 2018, le pape François a souhaité inclure l’avis des jeunes eux-mêmes en les conviant à un pré-synode qui s’est tenu en mars à Rome. Plus de 300 jeunes y ont participé, «présence joyeuse, enthousiaste et missionnaire». De cette rencontre est né en juin, l’Instrumentum laboris, (document de travail) des pères synodaux qui se base notamment sur les 130’000 réponses reçues aux questionnaires adressés aux jeunes du monde entier, ou encore sur les enseignements de la réunion pré-synodale.
Ce synode est ainsi l’aboutissement d’un processus d’échanges mené à tous les niveaux de l’Eglise. Il commence par l’écoute des croyants et continue par celle des évêques chargés de discerner les signes des temps. Finalement il culmine dans la synthèse du pape, garant de la conformité de l’Eglise.
La jeunesse catholique en Suisse romande se dit prête à «mettre la pagaille», comme l’a recommandé le pape François aux JMJ de Rio.
Le premier axe du synode porte sur la transmission de la foi, l’évangélisation en Suisse romande. Non pas sur une nouvelle terre, mais sur une «vieille terre de démission» (F. Hadjadj), où chacun croit savoir qui est le Christ. Pour les jeunes catholiques, atteindre ce but passe par:
«Sors de ton canapé et fais entendre ton cri!» (pape François)
L’autre volet du synode concerne le discernement vocationnel. Le défi à relever pour la jeunesse actuelle est grand: comment poser des grands choix de vie dans un monde changeant qui nous endort dans la superficialité? Assaillis par les innombrables stimulations sociales, il faut trouver un espace de silence intérieur où puisse résonner l’appel du Seigneur. Pour :
«N’ayons pas peur d’écouter l’Esprit Saint qui nous suggère des choix audacieux ; ne temporisons pas quand la conscience nous demande d’oser pour suivre le Maître», (pape François)
La jeune bâloise Medea Sarbach, étudiante en théologie à l’Université de Fribourg a participé au pré-synode tenu à Rome du 19 au 25 mars 2018. Ce fut vraiment une espérience unique, explique-t-elle.
Peux-tu expliquer en quelques mots ce que tu as vécu lors du pré-synode?
C’était vraiment une expérience unique. Il y avait des jeunes du monde entier, de différentes religions, convictions et cultures. On discutait honnêtement et ouvertement. Les relations entre nous étaient cordiales. Un peu comme les JMJ internationales.
Tu as senti la «température» de la jeunesse au niveau mondial. Quelles sont selon toi les difficultés majeures que traversent les jeunes aujourd’hui, pour lesquelles l’Eglise peut apporter une parole de soutien et d’accompagnement?
Ces difficultés peuvent se trouver dans les questions existentielles sur la vie et sur la vocation. Je ne pense pas seulement à la vocation au sacerdoce ou à la vie dans un ordre religieux, mais aussi au mariage, à une profession ou à la place dans la société en général. L’Eglise pourrait développer l’accompagnement à discerner la vocation unique de chacun et à trouver des réponses sur le sens de la vie. De plus, la foi chrétienne transforme aussi la vision de son identité. Je pense que la question «Qui suis-je?» est très importante pour beaucoup de jeunes aujourd’hui. Parfois il peut être assez difficile d’être la personne qu’on est vraiment, sans masque.
Qu’est-ce que la jeunesse, avec ses élans propres, peut apporter à l’Eglise?
La jeunesse peut être très honnête. Elle a beaucoup d’énergie et d’idées. Elle est aussi dynamique. Ce sont notamment pour ces raisons que l’Eglise a besoin des jeunes. Ils la mettent au défi de sortir des schémas connus et d’être créative et courageuse.
Durant ce pré-synode, des jeunes athées ou éloignés de l’Eglise – dont deux Suisses – ont été invités à donner leurs avis. Quels ont été leurs apports ?
Ils furent multiples. Je suis convaincue qu’ils ont permis de représenter les jeunes d’aujourd’hui. C’est la pluralité des différentes religions, convictions et cultures, mais aussi des communautés et des mouvements divers qui a contribué à constituer le document final du pré-synode. A travers des gens qui ne sont pas proches de l’Eglise, il est plus facile de remarquer l’effet qu’elle produit sur la société. Je suis donc très reconnaissante que l’Eglise ait tenu compte de leurs suggestions et de leurs critiques.
Mgr Alain de Raemy, évêque auxiliaire de Lausanne, Genève et Fribourg, participera au synode à Rome. Pour lui, l’enjeu principal est l’écoute.
Quels sont les enjeux du synode pour le pape et pour vous en tant qu’évêque des jeunes?L’enjeu est l’écoute. Nous allons devoir écouter ensemble ce que l’Esprit Saint dit à l’Eglise en général et aux Eglises éparpillées dans le monde en particulier. Comment procéder? Je ne vois que deux possibilités: la prière commune qui comprend aussi l’écoute de l’autre évêque qui a prié pour la même chose avec moi; et l’attention à tout ce que j’ai déjà vécu et expérimenté avec des jeunes de toutes sortes ici, chez moi. Je devrai mettre ces deux choses ensemble. Et voir ce que cela donne…
Pourquoi le pape a-t-il convoqué ce synode maintenant et y a-t-il associé les jeunes avec la foi et le discernement vocationnel?
C’est une question à lui poser à lui et pas à moi! Mais nous avons quand même des indices pour répondre à sa place. D’abord c’est une des propositions faites par les participants au dernier synode. Et comme c’était le deuxième synode de suite sur la famille, l’idée qu’on se concentre sur la jeunesse semble assez logique. Mais il faut aussi remarquer que le pape n’a pas repris le thème proposé tel quel: les jeunes et la foi. Il y a ajouté …et le discernement vocationnel. C’est son dada! Il est convaincu, notamment par son ADN jésuite, que tout se joue dans l’Eglise et chez chaque chrétien, dans la capacité de comprendre ce que Dieu veut et rend possible à partir de ce que je suis et de ce qu’il m’est arrivé.
Toute situation demande des pas en avant adaptés. Rien ne se résout de façon générale. Dieu tient compte de tous et de chacun. Auprès des jeunes, il faut donc d’autres jeunes et moins jeunes, qui nous aident à voir plus clair dans la vie maintenant. Et puis après, ce sera encore un maintenant à bien discerner… (cath.ch/L’Essentiel/mp)
Maurice Page
Portail catholique suisse
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