Les religieux et religieuses de Suisse réunis à Baar

«Avec vous»: ce thème a rassemblé les religieux et religieuses de Suisse les 24 et 25 septembre 2018 à Baar (ZG). Le cardinal Joao Braz de Aviz, préfet de la Congrégation pour la vie consacrée, a permis de retoucher aux charismes des diverses fondations, aujourd’hui confrontées au renouvellement et au vieillissement de leurs membres.

Ils sont trois. Trois religieux, âgés mais pas vieux. Ils font face à une vingtaine de personnes, au Centre de rencontres des Focolari de Baar. Richard Böhi, Frère des Ecoles chrétiennes de Neuchâtel, Josef Kuster, missionnaire de Bethléem Immensee et Robert Zehnder, des Frères miséricordieux de Marie Auxiliatrice. Trois comme autant d’expériences de vie apostolique dans des instituts différents. Mais leur jeunesse d’esprit a, pour tous les trois, été vivifiée par la spiritualité des Focolari, notamment le charisme de l’unité.

Soutenus par les Focolari

C’est, en ce 25 septembre 2018, le second jour de la rencontre «Avec vous», destinée aux religieux et religieuses de Suisse. Ces jours de réflexion ont été promus par la Plateforme de la vie consacrée en Suisse (CORISS, Conférence des ordres religieux et des Instituts séculiers de Suisse). Ils sont soutenus par les Focolari, qui accueillent dans leur centre communautaire de Baar (ZG).

Les trois intervenants relèvent les difficultés des ordres religieux suisses: le manque de relève, l’individualisme et l’âge avancé des membres. Ils reconnaissent cependant que le partage des charismes respectifs de leurs communautés les tourne vers l’Evangile, source de leurs racines communes. Car le dialogue œcuménique, l’esprit du concile Vatican II, la spiritualité des communautés, la poursuite des charismes, parfois reprise par des laïcs, dynamisent ces trois religieux.

Avec le cardinal responsable

«Ces jours de réflexion font suite à la Journée de la vie consacrée, organisée en juin 2015 à Sachseln et à Baar, indique Isabelle Catzeflis, secrétaire de la CORISS. Nous avions déjà accueilli le cardinal João Braz de Aviz, responsable de la vie consacrée au Vatican. Et il a accepté de revenir cette année pour continuer à réfléchir avec nous». L’objectif était aussi d’échanger sur des thématiques «qui ne sont pas uniquement des problèmes».

Objectifs atteints. La veille, le 24 septembre, environ 400 religieux et religieuses de toute la Suisse se sont retrouvés à la salle communale de Baar. Une belle unité avec une majorité nette de religieuses. Le cardinal João Braz de Aviz, préfet de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, est revenu sur son document A vin nouveau, outres neuves, de janvier 2017. Un texte qui atteste de l’attention du pape François à la vie consacrée, à qui il a dédié une année spéciale en 2015.

La «docibilité»

Pour le cardinal brésilien, le concile Vatican II a remis en valeur l’importance de la vie consacrée. Ce renouveau postconciliaire, dans toutes les formes anciennes et nouvelles de vie, a renvoyé au charisme des fondateurs. Aujourd’hui c’est l’heure des changements, avec le défi de prolonger les appels initiaux.

Toutefois ces évolutions peuvent aussi générer des craintes, dans un contexte de baisse des effectifs. Le cardinal Braz de Aviz indique que dans vingt ans, la moitié des maisons contemplatives en Europe auront fermé leurs portes, alors que la vie consacrée explose sur d’autres continents. Pour le prélat, des choses doivent bouger au sein des structures de la vie consacrée: la formation, l’autorité et l’obéissance dans le sens d’une fraternité croissante, les relations hommes-femmes et, enfin, les questions financières, vers un professionnalisme dans la gestion.

Dans son langage rond et ferme, le cardinal a soulevé l’assemblée en évoquant une vie consacrée faite de «docibilité», un néologisme italien (docibilità) qui évoque le travail de l’Esprit saint et la réponse concrète donnée.

«L’art de mourir»

L’après-midi, plusieurs communautés ont témoigné de leur action: les Frères de Saint-Jean (Genève), l’Institut séculier des Missionnaires scalabriniennes (Soleure) et la communauté Shalom (Lugano). Une moisson d’expériences témoignant de la vitalité de la vie religieuse.

Les éléments de changement souhaités par le cardinal Braz de Aviz ont été repris au soir du premier jour, avec les responsables de communautés. Lors d’une table ronde avec six responsables de communautés, d’autres charismes ont pu se présenter: les Sœurs de Grandchamp, communauté protestante, les Vierges consacrées et la communauté des Béatitudes.

A l’heure du bilan, les responsables reconnaissaient combien la confiance grandit entre les communautés. En outre, les 500 ans de la Réforme protestante, couplés avec les 600 ans de la naissance de Nicolas de Flue ont rapproché les religieux. Également sur un plan interconfessionnel. Les communautés vieillissantes, parfois confrontées à l’»art de mourir», gardent toutefois leur confiance dans le Christ, qui a su mourir, et en l’Esprit «jamais à bout de souffle». Paroles de trois sages déjà âgés, mais pleins de vitalité. (cath.ch/bl)

Bernard Hallet

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